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Intervention de Bernard Faivre d'Arcier

Réunion du 20 janvier 2010 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Bernard Faivre d'Arcier, consultant culturel :

C'est un peu à titre personnel que j'interviens devant vous en tant qu'ancien professionnel du milieu de la culture, puisque j'ai dirigé pendant une quinzaine d'années le Festival d'Avignon avant d'être directeur d'administration centrale au ministère de la culture. À ce titre, j'ai été chargé par la Direction générale de la coopération internationale et du développement de réaliser une étude comparée sur la situation des réseaux culturels des principaux pays européens – France, Espagne, Royaume Uni et Allemagne –, étude qui s'inscrit dans une réflexion d'ensemble sur l'organisation du ministère des affaires étrangères et de son réseau culturel français à l'étranger.

La comparaison était difficile, voire impossible, car les missions et les champs d'attribution des uns et des autres n'étaient pas les mêmes. Mais elle nous a conduits à nous demander s'il ne fallait pas faire du réseau culturel français une sorte de British Council.

Ces débats sont derrière nous puisque le Parlement est saisi d'un projet de loi portant création de deux établissements publics distincts contribuant à l'action extérieure de la France à l'étranger. Mon rapport est donc devenu obsolète, mais il reste l'absolue nécessité d'instaurer des relations professionnelles entre le réseau culturel français à l'étranger et les acteurs culturels de France – musées, écoles d'art, scènes nationales, théâtres, orchestres – comme le souhaitent vivement les professionnels culturels français, qui l'ont exprimé à l'occasion des entretiens de Valois que le ministère de la culture a conduits en 2008 et 2009.

Une autre préoccupation traduite dans ce rapport tient à la formation. Le Goethe Institut et le British Council sont des organisations puissantes, au sein desquelles les personnels passent l'ensemble de leur vie professionnelle. Les directeurs du British Council sont affectés à différents postes avant de revenir à leur administration centrale. Ils capitalisent ainsi leur expérience. Ce n'est pas le cas en France, où la gestion du personnel est très différente. Dans notre pays, les recrutements sont beaucoup plus erratiques et les formations des personnels français qui partent à l'étranger demeurent on ne peut plus minces – elles ne durent que trois ou quatre jours. Certains ne savent pas comment gérer un établissement public à autonomie financière, d'autres sont peu renseignés sur la situation culturelle du pays qu'ils rejoignent, ni d'ailleurs sur celle de la France elle-même !

Il faut donc consacrer des moyens à la formation professionnelle continue – il semble que ces moyens existent dans le projet de budget pour 2010, à hauteur de 6 millions d'euros – pour permettre aux personnels français qui exercent à l'étranger de se réadapter, notamment en assistant à des festivals, à des biennales, à des grandes manifestations, et de remettre à jour les contacts professionnels dont ils ont besoin pour mieux exercer leur influence à l'étranger.

Le réseau culturel français, l'un des plus vastes du monde, ne cesse d'évoluer : nous fermons les centres là où ils ne sont plus nécessaires, et nous en ouvrons d'autres. Mais il ne servirait à rien d'entretenir un réseau aussi développé si nous privions les personnes sur place de leurs moyens d'action, sauf si leur professionnalisme et leur autorité naturelle leur assurent une influence comparable à celle de leurs homologues britanniques ou allemands.

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