Il y a quelques jours, j'ai annoncé que la délinquance avait baissé en France pour la septième année consécutive. Or, c'est en 2002 qu'a commencé à s'appliquer la première loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure, défendue alors par Nicolas Sarkozy.
Venu exposer devant vous les objectifs et le contenu de la deuxième loi d'orientation, je tenais à rappeler ce bilan positif avant de définir des objectifs ambitieux en vue de conforter et d'amplifier ces résultats, et de préciser une série de mesures concrètes visant à répondre aux enjeux de la sécurité quotidienne des Français.
Je souhaite aussi rendre hommage à l'action de mon prédécesseur, Mme Michèle Alliot-Marie, qui a préparé ce projet.
Il s'agit d'un texte important. En effet, comme l'évolution de la délinquance accompagne celle de la société française, de l'environnement international et des technologies, nous devons, de manière permanente, adapter notre réponse. C'est pourquoi, aux critiques, que j'entends ici ou là, sur le nombre de lois promulguées ces dernières années, je répondrai qu'il y aura autant de lois que de problèmes à régler.
J'ai fixé trois objectifs à la politique de sécurité : tenir le cap défini en 2002, puisque la politique fixée à cette époque réussit ; améliorer la sécurité quotidienne des Français en adaptant la réponse de l'État à l'évolution de la délinquance ; maintenir le niveau et la qualité du service rendu par les forces de sécurité intérieure. Le cap que m'ont fixé le Président de la République et le Premier ministre est clair : assurer partout la sécurité de nos concitoyens. Cela signifie qu'aucun territoire ne doit être négligé.
Depuis 2002, si la délinquance générale a baissé de 14 %, la délinquance de proximité a, quant à elle, diminué de 35 %, les atteintes aux biens, de 27,18 % et les cambriolages, de 28 %. Quant au taux d'élucidation, il a augmenté sensiblement, tant en zone police qu'en zone gendarmerie. Ces résultats sont globalement bons, mais ils peuvent encore être améliorés.
Obtenus tout d'abord grâce à l'action d'hommes et de femmes dont je tiens à saluer le courage et la détermination, ces résultats sont le fruit, non du hasard, mais d'une politique globale de sécurité, dont j'ai souhaité présenter les grandes lignes au travers de l'amendement CL 12 du Gouvernement à l'article 1er du projet de loi, relatif au rapport annexé.
La politique de sécurité reposera sur cinq piliers.
Le premier pilier, c'est la coordination entre tous les acteurs de la sécurité, afin de garantir leur efficacité tant au plan local qu'au plan international. À ce titre, le rattachement de la gendarmerie au ministère de l'intérieur, dans le respect de l'identité militaire des gendarmes, a constitué une étape majeure. Des collaborations ont été également établies, d'une part, entre les services de l'éducation nationale et certains services de police et de gendarmerie pour assurer une plus grande sécurité des élèves dans les collèges et les lycées et, d'autre part, entre les services de police et de gendarmerie et ceux de la direction générale des finances publiques pour frapper les délinquants au portefeuille.
Sur le plan local, je rappellerai le plan de prévention de la délinquance et d'aide aux victimes qui permettra d'exploiter au mieux tous les ressorts de la loi de 2007 sur la prévention de la délinquance, notamment en plaçant le maire au coeur du dispositif.
Les forces de sécurité doivent pouvoir disposer de la vidéoprotection, qui répond à une demande de nos concitoyens, Elle constitue en effet un progrès technologique à mettre en parallèle avec le recours de plus en plus systématique à la police scientifique et technique. J'ai du reste observé que, devant son efficacité, le débat avait perdu tout caractère idéologique, puisque ses détracteurs d'hier étaient souvent devenus aujourd'hui ses promoteurs. En 2009, 24 000 caméras étaient installées. L'objectif est de passer à 60 000 d'ici à la fin de 2011.
Je suis également favorable à une collaboration renforcée avec les polices municipales.
Enfin, il convient d'intensifier les relations sur le plan international dans plusieurs domaines, dont la lutte contre le terrorisme. Après l'attentat avorté du 25 décembre, j'ai pris aussitôt des mesures que la réactivité des forces de sécurité a permis d'appliquer dès le 27. La coopération internationale doit également concerner le trafic de drogues, lequel, du reste, entretient souvent des liens avec le terrorisme, la cybercriminalité et la pédopornographie. Je tiens à souligner que le traité de Lisbonne offre de nouvelles possibilités en termes de sécurité européenne.
Second pilier, l'adaptation de notre politique aux bassins de vie et aux territoires. Dans le cadre de la police d'agglomération installée en région parisienne, 33 000 hommes et femmes assurent désormais la sécurité de 6,5 millions d'habitants sous le commandement unique du préfet de police. Les résultats sont si encourageants que Mme Jacqueline Rouillon, maire de Saint-Ouen, est intervenue dans les médias il y a quelques jours pour reconnaître son efficacité, tout en souhaitant sa plus grande sédentarisation. Cette formule peut être étendue à d'autres métropoles, notamment celles de Lille, Lyon et Marseille. J'ai demandé aux préfets d'organiser une concertation sur ce sujet.
Dans les zones de gendarmerie, une réflexion est engagée sur la mise en place de la police des territoires, qui devrait favoriser la mobilité des unités appelées à intervenir en dehors de leur périmètre habituel.
Troisième pilier, la lutte contre les stupéfiants. Il faut d'autant plus lutter contre le « deal » de proximité, qu'on ne saurait distinguer, en matière de lutte contre la drogue, un combat noble, mené contre les grands réseaux, d'un combat moins noble, mené contre les dealers. Cette lutte forme un ensemble. C'est pourquoi nous avons élaboré un plan antidrogue, nommé un préfet coordinateur, recentré le travail des GIR sur les trafics de drogue, notamment dans les quartiers sensibles, et développé les opérations, auxquelles je crois beaucoup, de sécurisation des abords des établissements scolaires.
Quatrième pilier, le combat contre les différentes formes de violence contre les personnes. Les bandes sont de plus en plus violentes et constituées d'éléments de plus en plus jeunes. Il est heureux que le Parlement achève bientôt l'examen de la proposition de loi défendue par Éric Ciotti sur le sujet. Il sait que depuis l'automne dernier j'ai envoyé des groupes spéciaux d'investigation sur les bandes dans les 34 départements les plus touchés. La loi sur les bandes comprendra également des dispositions relatives à la lutte contre les violences dans et aux abords des stades – je pense principalement aux matchs de football. J'ai créé une division nationale de lutte contre le hooliganisme, qui donne des résultats puisque le fichier des personnes interdites de stade contient déjà un peu plus de 300 noms et qu'il est appelé à s'étoffer encore.
En ce qui concerne les violences intrafamiliales, des brigades de protection de la famille ont été créées à la demande du Président de la République. Cela concerne les femmes battues, les mineurs victimes de violences et les personnes âgées maltraitées. Le dispositif est généralisé sur le territoire national depuis le 1er octobre 2009. De plus, je vous proposerai d'adopter de nouvelles dispositions permettant de lutter encore plus efficacement contre les atteintes aux personnes, notamment les plus vulnérables.
Le cinquième pilier doit permettre de préparer l'avenir. Il faut profiter du texte pour tracer des perspectives ambitieuses par le développement, notamment, de la police scientifique et technique de masse ou le recours à la vidéo. Nos concitoyens, impressionnés par des séries, le plus souvent américaines, montrant des policiers rapidement informés de certaines données grâce à l'intervention des services techniques et scientifiques, évoluent sur la question.
Préparer l'avenir, c'est également comprendre que nous devrons, de manière inéluctable, nous préoccuper de plus en plus de la sécurité des personnes âgées : en effet, la France compte aujourd'hui 1,5 million de personnes de plus de 85 ans : elles seront 2 millions en 2015 ! J'ai donc chargé Édouard Courtial d'une mission sur la sécurité des personnes âgées, afin d'améliorer la protection dont doivent notamment bénéficier celles qui vivent seules.
Je vous propose parallèlement des dispositions volontaristes pour les domaines où nous devons encore progresser, notamment la lutte contre les violences faites aux personnes. L'opposition a souligné que, si les chiffres de la délinquance générale étaient satisfaisants, des progrès étaient attendus en matière de violence contre les personnes.