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Intervention de Jeanne Fouilleul-Daniel

Réunion du 20 janvier 2010 à 13h00
Commission spéciale chargée d'examiner la proposition de loi renforçant la protection des victimes et la prévention et la répression des violences faites aux femmes

Jeanne Fouilleul-Daniel :

Le film s'ouvre sur la fin d'un premier cycle. Les violences ont eu lieu, Pilar quitte le domicile avec son fils. Antonio, l'auteur des violences, ne reconnaît pas les faits et il va tenter de se racheter auprès de sa victime afin de la placer à nouveau sous son emprise. Débute alors la « lune de miel » : Pilar réintègre le foyer, poussée par sa mère qui n'aurait pu supporter que sa fille fasse un autre choix que celui qu'elle avait elle-même fait dans des circonstances similaires. Un second cycle s'ouvre alors, les violences vont grandissant. Antonio ne supporte pas que Pilar essaie de mener une vie professionnelle, qu'elle lui échappe. C'est au moment où il ne peut plus la contrôler qu'elle se trouve précisément en danger de mort.

C'est lors de ces séparations que nous rencontrons des femmes comme Pilar. Elles n'ont souvent plus accès à leur maison et, contrairement aux amies de l'héroïne qui l'aident à emporter ses effets personnels, nous ne pouvons les y accompagner puisque cela serait apparenté à une violation de domicile. Souvent, elles n'ont plus rien.

Le film montre également l'importance de l'environnement familial. Or, la majeure partie des victimes que nous rencontrons ne disposent pas d'un tel soutien. Nous nous faisons alors le relais de ces femmes. Pilar a la chance d'avoir une soeur, d'une grande justesse dans son accompagnement, mais qui ne peut faire davantage. Elle doit, en effet, trouver son propre chemin et décider par elle-même. Le rôle de notre association est d'aider ainsi les victimes à trouver leur solution singulière, qui n'appartient qu'à elles.

Le choc post-traumatique est bien décrit, chez l'enfant d'abord, très silencieux, et chez Pilar, qui, au commissariat, ne parvient pas à parler. Les conditions d'accueil y sont d'ailleurs déplorables : Pilar se trouve dans un lieu de passage, reçue par un homme qui n'est pas à l'écoute et ne comprend pas ce qu'elle veut dire par « il a tout cassé ». La plupart du temps, les violences sexuelles ne sont pas évoquées. Les femmes peuvent parfois dire quelques mots dans les groupes de parole, mais le choc est tellement violent que décrire les faits, revient à revivre le traumatisme.

Il est vrai que le contexte social est aujourd'hui plus favorable. Il y a trente ans, les victimes étaient taxées d' « hystériques ». Le vote des lois a permis leur reconnaissance. L'accueil dans les commissariats s'est modifié. La parole se libère.

Il reste que les enfants de ces femmes n'ont le plus souvent personne à qui se confier. Ce sont de futures victimes, ou de futurs auteurs de violences, à moins qu'ils ne parviennent à symboliser leurs blessures.

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