Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Renaud Muselier

Réunion du 20 janvier 2010 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRenaud Muselier :

Vous avez semblé douter, monsieur le ministre, que les choses se fussent passées aussi bien dix ans plus tôt. Entre 2002 et 2005, au moment où j'exerçais les responsabilités que vous savez au ministère des affaires étrangères, j'ai eu la tristesse de devoir affronter le tsunami de 2004, le désastre humanitaire du Darfour, le crash de Charm- el -Cheikh et divers tremblements de terre, en Algérie, en Iran, entre autres : je ne crois pas que l'action de la France à l'occasion de ces catastrophes ait pu être à aucun moment contestée. Si j'applaudis l'action de votre ministère dans la catastrophe actuelle, je crois pouvoir dire que nous n'avons pas failli dans le passé.

J'ai eu le plaisir de me rendre en Haïti au lendemain de la chute du dictateur Aristide, que nous avions, avec les Américains et les Canadiens, légèrement poussé dehors. J'ai même été l'objet d'une tentative d'assassinat alors que je visitais l'hôpital de Cité-Soleil !

Un de ceux qui m'accompagnaient alors, mon conseiller diplomatique Marc Plum, qui travaillait à la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti, la MINUSTAH, depuis mon départ du Gouvernement, a trouvé la mort dans l'effondrement de l'immeuble des Nations Unies. Sa femme, ambassadrice au Guatemala, et ses trois enfants sont depuis dans une situation difficile. Je vous demande d'en tenir compte et de faire en sorte qu'elle puisse changer de poste.

Étant donné l'ampleur du drame haïtien, on ne peut qu'approuver l'implication de la communauté internationale. C'est normal que les Américains y soient : ce qui n'est pas normal, c'est que nous y soyons si peu, en tant que membre de l'UE comme en tant que puissance locale, compte tenu de notre position aux Caraïbes.

Dans ce pays dont la situation était déjà épouvantable – Port-au-Prince est constituée pour moitié de bidonvilles, qui ne dispose d'eau courante que la moitié du temps, et d'électricité seulement trois heures par jour – il n'y a plus rien aujourd'hui. La vraie question est celle de la reconstruction : que fait-on ? Avec qui ? Qui reconstruit ? Où reconstruit-on ? Sur quelles bases politiques reconstruit-on, dans un pays et avec un peuple divisés et déchirés par une violence endémique ?

Les Français ne peuvent pas se tenir à l'écart de cette reconstruction. Sachant que M. Préval est le seul pouvoir politique qui subsiste, il s'agit de déterminer comment, avec les Haïtiens et l'ensemble des Américains, du Nord ou du Sud, aider le peuple haïtien. Quelle doit être notre position à l'égard des autorités haïtiennes et du pouvoir politique en place ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion