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Intervention de Serge Janquin

Réunion du 20 janvier 2010 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Janquin :

Vous nous avez fait parvenir, monsieur le ministre, des documents faisant état de la situation des enfants en Haïti, qui nous préoccupent tous. Je pense notamment à la question des enfants adoptables : aussi douloureux soient-ils, ces cas doivent être traités avec une grande prudence et dans le respect du droit.

Pour ma part, mon attention se porte sur le peuple d'Haïti tout entier, et je vous donne acte, monsieur le ministre, que vous avez agi au mieux avec les moyens qui étaient les vôtres. Mais ce qui saute aux yeux, c'est l'absence de coordination entre les différents intervenants. Vous dites que les réactions, d'abord nationales, se coordonnent progressivement : fort bien. Reste que l'attitude américaine est singulière. On peut d'ailleurs le comprendre : cela fait un moment que la France, sur la demande des États-Unis, notamment sous l'administration Clinton, a consenti à perdre son influence en Haïti, en contrepartie de son maintien dans la région des Grands Lacs, ce qui n'a pas forcément été un très bon marché. On comprend aussi la position des États-Unis, qui ne peuvent se désintéresser des Caraïbes. C'est ce qui justifie la rapidité et l'ampleur de la réaction. On peut cependant s'étonner de la proposition d'une espèce de condominium Brésil-États-Unis-Canada excluant la France.

En réalité, la situation exige que nous dépassions ces vaines querelles. Le vrai problème d'Haïti réside dans l'absence d'État. Si le gouvernement Préval est plus acceptable que d'autres, il est faible. Il ressemble à un gouvernement d'opérette, qui dispose de l'apparence, mais non de la réalité du pouvoir. Dans ces conditions, que d'autres veuillent s'y substituer est assez compréhensible, même aux yeux du peuple haïtien lui-même, qui y serait apparemment disposé. En France, certains ont été jusqu'à proposer de faire d'Haïti une « pupille » des Nations unies.

Derrière ces propositions, il y a quand même l'idée d'installer en Haïti une forme de protectorat transitoire, soit des Nations Unies, soit d'un groupe d'États ayant reçu délégation des Nations Unies afin de redresser la situation et d'aider ce peuple à se constituer un véritable État. Quel est votre sentiment sur ce qui n'est pour l'instant qu'une hypothèse de travail ? Comment permettre à ce pays de disposer d'un État plus solide, plus sûr, et plus préoccupé de la situation du peuple haïtien que de l'enrichissement de certains sur fond de corruption et de trafics ?

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