Quel est l'état de santé financière du groupe aujourd'hui ? Combien a rapporté la vente de la filiale T&D et où en sont les engagements d'Eramet et de ST Microelectronics ? Autrement dit, avez-vous atteint vos objectifs en matière de recapitalisation ?
Pour ce qui est de la stratégie, on connaît le contexte : relance du nucléaire – vous parlez même de troisième révolution énergétique –, lutte contre les émissions de CO2, besoins énergétiques grandissants, développement des pays émergents – 2 milliards de personnes n'ont pas accès à l'électricité –, sécurisation des approvisionnements – avec la crise du gaz russe –, et épuisement des ressources d'hydrocarbures et de charbon. Pour ce dernier, un bilan global s'impose, notamment en matière d'avantages comparatifs, qu'il s'agisse de ses émissions ou des investissements qui ont été nécessaires pour construire les centrales.
Comme vous l'avez souligné, la confiance de la population dans la filière nucléaire est aussi importante que la solidité de ses acteurs, ce qui impose d'être à la fois transparent et performant. La question des déchets est essentielle à cette confiance. Ce n'est pas la première fois qu'on en parle à l'Assemblée nationale mais il n'est pas inutile d'y revenir. La France a fait le choix du retraitement – c'est même une spécificité – et vous vous targuez de bons chiffres, mais nous savons tous qu'au final seule une petite quantité des déchets sont recyclés. Où en est-on vraiment ? Quelle est l'importance en France de ce qu'EDF appelle le « bas de laine », et quel est l'avenir de ces déchets ?
On sait que le plutonium sert à la fabrication d'un combustible, le MOX. Combien de réacteurs l'utilisent-ils déjà, et d'autres en ont-ils le projet – autrement dit, ce combustible a-t-il de l'avenir ? L'opération « MOX for Peace » semble également constituer un débouché intéressant. Reste le problème des déchets ultimes, et notamment l'obligation de trouver un site. S'agira-t-il de Bure, à côté du laboratoire ? L'échéance est fixée vers 2025, mais il faut de la visibilité sur cette question.
Pour ce qui est de l'EPR, les autorités de sûreté de France, de Grande-Bretagne et de Finlande ont récemment émis quelques réserves sur son système de contrôle. Sont-elles justifiées ou désormais levées ? Et quelles sont les raisons des retards sur les sites de Finlande et à Flamanville : des problèmes de conception, ou de fabrication – on parle de « surcharge » pour certaines entreprises ?
Il est important de pouvoir maîtriser l'ensemble de la filière. L'affaire d'Abou Dhabi a fait apparaître que l'EPR était bien placé en matière de sécurité, mais pas de coût. Faut-il arriver à des normes identiques partout dans le monde, ou alors accepter de jouer sur les coûts ?
Enfin, je voudrais quelques détails sur ITER, que vous n'avez pas évoqué, et sur vos problèmes de recrutement concernant, certes, des ingénieurs, mais aussi d'autres métiers comme celui de chaudronnier.