Madame la ministre, nous nous adressons à vous dans un état d'esprit qui ne serait pas différent si nous étions aux affaires : une volonté de clarté en matière de santé publique – qui n'exclut pas pour autant la lucidité : on ne saurait demander, comme Denis Jacquat, un « risque zéro », dont l'évocation fait frémir.
Nous nous inquiétons de l'impact de la campagne de vaccination en termes de santé publique. Le faible nombre de personnes vaccinées et quelques maladresses, que nous devons tous assumer, ont conforté la thèse de ceux qui, pour des raisons pas toujours très claires, veulent décrédibiliser les vaccins. Pour nous, qui avons connu la fin de la poliomyélite et la diminution considérable de la tuberculose, il s'agit là d'une véritable inquiétude. Nous devons donc tous agir à cet égard.
Comme je l'ai déjà souligné lors de vos différentes auditions, je m'interroge sur le fait que la France ait acheté d'emblée 94 millions de doses de vaccin. Vous m'avez en quelque sorte donné raison en déclarant à la presse, au cours des derniers jours, qu'une pandémie se gérait au fur et à mesure. Il n'était pas imaginable que toute la population de notre pays puisse être vaccinée d'un seul coup. Or, nous ne savions rien alors de l'évolution de la pandémie. Toutes les explications que vous avez données à propos de la vaccination à double dose ne suffisent pas à expliquer pourquoi vous avez fait cet achat massif, auquel la plupart des autres pays n'ont pas procédé.
Philippe Séguin disait que ce n'est pas parce que les caisses sont vides qu'elles sont inépuisables. Le budget de la santé est limité : l'argent que nous avons employé à cela, nous ne pourrons pas l'employer ailleurs. Pourquoi un pays négociant l'achat de 94 millions de doses de vaccin n'a-t-il pas pu obtenir des prix inférieurs ? Dites-nous pourquoi le prix des vaccins que nous avons achetés est supérieur à celui qu'ont négocié les autres pays européens – ou, si ce n'est pas le cas, donnez-nous des chiffres précis.
En Allemagne, l'épidémie a fait beaucoup moins de bruit dans la presse. Comment expliquer que l'Allemagne, qui n'est pas connue pour négliger l'hygiène et la prévention, ait acheté, par rapport à sa population, beaucoup moins de doses que la France ? Ces questions méritent une explication simple, transparente et objective.