En qualité de rapporteur des questions de sécurité sanitaire, j'ai été de ceux qui ont alerté les pouvoirs publics dès 2005 sur la grippe de type H5N1. Le Président de la République et l'Assemblée nationale ont alors mis en place une mission, que je présidais et dont Jean-Pierre Door était le rapporteur, et qui a notamment travaillé, avec le ministre de la santé, M. Xavier Bertrand, à l'établissement du plan gouvernemental Pandémie grippale. Ce travail, mené dans un climat d'incertitude scientifique, a été accompli dans un esprit de recherche collective et d'écoute mutuelle. Par ailleurs, ce plan, défini pour répondre aux virus H5N1, plus létal que la souche actuelle, était particulièrement robuste. Dans l'annexe du rapport de la mission, j'insistais, avec mes collègues du groupe socialiste, sur la confiance et la mobilisation sociales, appelant l'attention des pouvoirs publics sur le fait qu'il convenait de se garder d'éviter des mesures trop techniques ou trop axées sur l'ordre public.
En 2007, lors du changement de gouvernement, je n'ai pas obtenu de l'Assemblée une prolongation de la mission de surveillance, qui me semblait pourtant être un cadre démocratique et responsable pour la préparation des différents plans. J'ai néanmoins participé avec vous en 2008, madame le ministre, à un exercice qui m'a donné l'occasion d'insister à nouveau, auprès des hauts fonctionnaires du Secrétariat général de la défense nationale, sur le fait que, parallèlement à la problématique de l'ordre public, celle de la résilience et de la confiance sociales était également fondamentale.
Je suis aussi conscient que vous, madame la ministre, de la difficulté des questions de santé publique, mais j'ai été néanmoins surpris de l'approche adoptée par le Gouvernement, tant sur le plan technique que sur le plan politique. Ce dernier a, en effet, pensé qu'il devait assumer seul la responsabilité du dossier et n'y a guère associé l'Assemblée – qui, du reste, n'a pas été très demandeuse.
À l'instar de l'intervention de Marisol Touraine, notre discours ne se situe pas sur le plan de la rhétorique, mais sur celui des interrogations fondamentales. Madame la ministre, puisque vous avez interpellé à plusieurs reprises Gérard Bapt et, comme certains de vos collègues, m'avez interpellé moi-même, je crois utile de citer certains des propos que j'ai tenus lors d'une interview que j'ai donnée, le 7 juin dernier, au Journal du Dimanche :
« Que pensez-vous de la décision du Gouvernement de proposer la vaccination à tous les Français ?
« Je suis bien sûr favorable au principe de la vaccination mais je suis hostile au tout vaccin. Le vaccin doit être un des éléments de la lutte contre la pandémie, pas l'unique mode d'action. Pour le moment, on ne sait même pas s'il sera efficace. On ignore également quand il sera disponible. Il me paraît exagérément optimiste de penser que tous les Français puissent être vaccinés lors du ressac épidémique attendu à l'automne prochain. Les premiers d'entre nous devront certainement patienter jusqu'en novembre. Les autres, le milieu de l'hiver. Les firmes pharmaceutiques sont incapables de livrer 50 millions de doses pour octobre-novembre.