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Intervention de Bernard Accoyer

Réunion du 12 janvier 2010 à 15h00
Éloge funèbre de jean-paul charié

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Accoyer, président :

Madame, monsieur le ministre chargé des relations avec le Parlement, mes chers collègues (Mmes et MM. les députés, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, se lèvent), c'est avec infiniment de tristesse et d'émotion que nous avons appris la mort, le 3 novembre dernier, de notre collègue et ami Jean-Paul Charié.

Pour la République, Jean-Paul Charié était un serviteur passionné. Pour le Parlement, un député exemplaire. Pour ceux qui l'ont connu, il restera un homme de coeur, aimé et respecté. À tous, il manquera, et manque déjà, à la mesure de son remarquable engagement public, profondément humain.

Ce sens de l'engagement, Jean-Paul Charié le cultive dès son plus jeune âge aux côtés de son père, Pierre Charié, figure de la Résistance et député du Loiret de 1958 à 1973. À cette école de la République, il découvre et embrasse des convictions gaullistes qui le guideront toute sa vie au service de la France et de l'intérêt général.

Pour Jean-Paul Charié, la valeur n'attend pas le nombre des années : né en 1952 à Égry, il est chef d'entreprise à vingt-quatre ans à peine, prenant la tête du Courrier du Loiret. C'est à vingt-neuf ans, en 1981, qu'il est élu député du Loiret : il devient, avec François Fillon, le benjamin de l'Assemblée nationale. Tous deux, à ce titre, entourent le doyen d'âge, Marcel Dassault, lors de la cérémonie d'ouverture de la septième législature de la Ve République.

Jean-Paul Charié ne quittera plus les bancs du Palais Bourbon : le talent et la passion qui l'animent lui vaudront d'être réélu sans discontinuité pendant vingt-huit ans. Cette confiance renouvelée à chaque élection n'est au fond guère surprenante, tant Jean-Paul Charié était investi dans son mandat, un mandat unique auquel il consacrait toute son énergie.

À l'Assemblée, il gagne rapidement l'estime de tous, bien au-delà de sa famille politique, par son assiduité, son sérieux, son exigence. Dès son entrée au Parlement, il se consacre aux questions liées au commerce et à la distribution, privilégiant toujours des méthodes d'écoute et de concertation. Très vite, il devient, en ces domaines essentiels au plan sociologique, politique et économique, la référence parlementaire incontestée.

Pendant vingt-huit ans, Jean-Paul Charié restera l'un des piliers de la commission de la production et des échanges, rebaptisée commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire, dont il assure le secrétariat à partir de 2008. C'est là, en particulier, qu'il défend sans relâche le petit commerce, l'artisanat et les petites et moyennes entreprises, convaincu que les valeurs de travail et de proximité sont le ciment de tout projet de société.

C'est dans cet esprit qu'il préside, en 1999, la mission d'information sur l'évolution de la distribution, puis, de 2002 à 2007, le groupe d'études parlementaire sur les petites et moyennes entreprises.

Soutenant une économie loyale, à taille humaine, il préside ensuite le groupe d'études sur l'artisanat et les métiers d'art, ainsi que la commission d'examen des pratiques commerciales.

C'est tout naturellement qu'il est nommé, en 2008, rapporteur d'un des textes phares de notre législature : la loi de modernisation de l'économie. C'est en son nom, et en hommage à sa contribution décisive, que la commission des affaires économiques et son président, Patrick Ollier, mèneront à son terme le rapport de contrôle d'application de cette loi, dont les conclusions devraient être rendues très prochainement.

Chargé, l'an dernier, par le Premier ministre d'une mission sur l'urbanisme commercial, Jean-Paul Charié remet un rapport dont le titre seul pourrait résumer ses préoccupations : « Avec le commerce, mieux vivre ensemble ».

C'est du Loiret, auquel il était si profondément attaché, que lui vient cette conviction. Pour les électeurs de sa circonscription de Pithiviers, il est d'abord le défenseur des « petits ». Chaleureux, généreux, direct, il s'implique sans réserve à leurs côtés. Son soutien n'a jamais manqué aux commerçants ou aux agriculteurs. Il n'a jamais manqué à quiconque pouvait être en difficulté : face à la montée du chômage, par exemple, il n'hésite pas à créer une association d'aide au retour à l'emploi. C'est à l'aune de son écoute et de sa disponibilité que tous regrettent aujourd'hui l'enfant du pays.

Gaulliste convaincu, Jean-Paul Charié ne transigeait pas sur les valeurs républicaines, au premier rang desquelles l'équité, la justice, la dignité. Ce sont elles qui donnaient le ton de toutes ses interventions. « Ma finalité, disait-il, c'est de servir une société de progrès pour l'homme. » Car c'est bien de l'homme que nous parlons, de l'homme qu'il plaçait toujours au centre de son action, mais surtout de l'homme qu'il était : un homme droit et courageux jusque dans son dernier combat contre la maladie, et qui, jusqu'au bout, a rempli son mandat. Un homme de convictions qui savait fédérer et inspirer ceux qui l'écoutaient, par sa voix et ses talents d'orateur inoubliables ; un homme aussi d'une grande gaîté qui avait toujours un sourire, une attention pour chacun : « Le sens de la vie se trouve seulement dans l'ordre du coeur », disait-il.

Pour le général de Gaulle, « la mort n'a d'importance que par ce qu'elle nous fait penser de la vie ». La vie de Jean-Paul Charié, c'est cette grande leçon de coeur, d'engagement, de détermination et de courage, jusqu'aux derniers instants. Nous ne l'oublierons pas.

À vous, madame, à ses enfants Anne-Carole et Romain, à toute sa famille, à ses amis, à ses compagnons et amis du groupe parlementaire majoritaire, j'adresse, au nom de tous les députés de l'Assemblée nationale et en mon nom personnel, mes condoléances attristées.

La parole est à M. Henri de Raincourt, ministre chargé des relations avec le Parlement.

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