Votre question est tout à fait pertinente. La France est le seul pays à avoir conservé des compétences en génie nucléaire. La raison en est son action à l'exportation. C'est probablement en grande partie grâce à la Chine que, au contraire de tous les autres pays européens, elle a pu continuer à construire des centrales nucléaires ces vingt dernières années.
Seule parmi les acteurs du nucléaire, EDF a pu ainsi continuer à développer ses compétences. Si la situation actuelle n'est pas idéale, c'est cependant celle d'une force relative. Les centrales en cours de construction en France en attestent. La centrale de Flamanville est aujourd'hui la référence mondiale. Aucune autre centrale en construction, même aux Etats-Unis, n'atteindra son niveau d'efficacité.
Il reste que la moitié des effectifs spécialistes du nucléaire d'EDF va partir à la retraite dans les cinq ans qui viennent. En termes de perspectives, la situation que vous évoquez est donc en effet préoccupante. Ma première action de président d'EDF a été, la semaine dernière, de lancer un très important effort de formation de compétences. EDF doit être pionnière dans ce domaine. En association avec l'éducation nationale, nous allons créer sans délais des centres et des campus de formation dédiés à l'ensemble d'une filière des métiers de l'énergie électrique : nucléaire, hydraulique, thermique, mais aussi distribution. Grâce à mon expérience de la création de ce type de centres dans les métiers de l'environnement, je sais qu'EDF dispose de cette capacité. Ces centres sont des outils indispensables pour les années à venir.
Les formations devront être conçues en étroite coopération avec l'éducation nationale. Je souhaite qu'elles soient diplômantes. Elles doivent constituer un élément extrêmement fort de mobilisation interne, de capacité de création et de transfert de compétences, mais aussi jouer une fonction puissante d'ascenseur social et de formation tout au long de la vie. Les décisions sont prises. Leur application sera très rapide.