Absolument. Depuis des années, nous insistons surtout sur notre capacité d'exportation, mais nous avons également besoin d'importer aujourd'hui. Nous avons utilisé les moyens de notre voisin espagnol lors de la tempête Klaus, comme Dominique Maillard l'a souligné, et utilisons beaucoup ceux de nos amis allemands, belges, anglais et suisses.
En dehors des centrales nucléaires, nous investissons beaucoup actuellement dans le gaz : une douzaine de centrales à gaz seront mises en activité d'ici à 2012, ce qui est une nouveauté sur le territoire français en matière de production.
Ainsi, grâce aux interconnexions et aux nouveaux investissements, ce marché européen va dans le bon sens. Nous pourrons, lors de nos pointes, bénéficier des moyens de production de nos voisins, notamment de l'éolien des Espagnols entre autres. Inversement, nous apporterons nos moyens à la faveur des décalages des heures de pointe entre la France, l'Espagne et l'Angleterre. Nous pouvons donc être complémentaires, mais à condition d'optimiser les interconnexions.
On peut le faire en en construisant de nouvelles à certains endroits, mais cela est long et compliqué. On peut aussi améliorer l'existant, travail auquel la Commission de régulation de l'énergie et les autres régulateurs européens s'attèlent depuis plusieurs années, l'idéal étant le couplage des marchés. Celui entre la France et le Benelux permet de gérer de manière optimale la congestion entre ces différentes zones, un couplage des marchés avec l'Allemagne sera réalisé au mois de mai prochain, et devrait être étendu d'ici à 2012 à la péninsule ibérique et au nord de l'Europe. Les deux tiers de l'Europe couverts, le flux à l'import et à l'export entre les différents pays fonctionnera facilement au bénéfice du consommateur final.
Certes, un pic de prix a atteint le niveau de 3 000 euros le 19 octobre. Mais il est très artificiel puisqu'il s'agit d'un plafond défini pour le cas où il n'y aurait pas de rencontre entre l'offre et la demande dans les prévisions, le prix étant quelques heures auparavant de 50 euros le mégawatt…
Pour le lundi 19 octobre, il y a eu à la fois une révision à la hausse de 3 000 MW des estimations de la consommation entre le vendredi et le dimanche et une révision à la baisse de 4 100 MW des estimations de disponibilité du parc de production, due à une faible disponibilité de certaines centrales nucléaires et à la non-disponibilité de la centrale hydraulique de pointe de Grand'Maison le dimanche matin.
Ainsi, le total des imports le 19 octobre au moment de la pointe a été de 7 200 MW, que nous avons trouvé grâce aux interconnexions.
Cette situation ne préfigurait pas ce qui allait se passer aujourd'hui. Ce pic de prix aurait pu se produire une fois et ne pas se renouveler. Il s'agissait simplement d'une question de disponibilité du parc de production et d'augmentation de la consommation, avec comme résultat un décrochage sur les marchés financiers de gros. Je vous rassure : il y a eu certes des gagnants et des perdants dans cette opération, mais pas de délit d'initié…