Monsieur le ministre des affaires étrangères, le rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur les événements de Guinée vient d'être publié. Il dénonce un « crime contre l'humanité » : tueries systématiques, viols, actes de torture perpétrés le 28 septembre à Conakry.
L'ONU impute ce massacre, d'au moins 156 personnes, à « la responsabilité pénale directe » du capitaine-président Dadis Camara et elle exige la saisine de la Cour pénale internationale.
Comme en octobre dernier, nous continuons, monsieur le ministre, a être étonnés par l'embarras de la diplomatie française vis-à-vis de la Guinée. M. Joyandet avait déclaré en mai qu'il faisait confiance au capitaine Camara. Vous-même doutiez de sa responsabilité, comme s'il n'était pas à la tête de l'armée et de l'État. Devant la commission des affaires étrangères, vous déclariez le 7 octobre : « Le capitaine Camara est-il responsable de l'intervention sauvage de l'armée guinéenne dans le stade où manifestaient les forces vives et l'opposition ? Il est très difficile de répondre dans la mesure où il s'en défend. » Et vous ajoutiez : « Si je ne réponds pas complètement à votre question, c'est parce que j'en suis incapable. »
En septembre, un collègue de l'UMP, dont je ne citerai pas le nom par courtoisie, mais qui passe pour être l'émissaire du chef de l'État français en Afrique, estimait que la candidature de Dadis Camara à la présidence de la République « ne posait pas de problème ». Pourtant, quinze jours avant le massacre du 28 septembre, l'hebdomadaire Jeune Afrique à sa une posait cette question : « Le capitaine Dadis Camara est-il devenu fou ? »
Comment aider la Guinée à sortir du chaos dans lequel l'ont plongé la junte militaire et auparavant la dictature de Lansana Conté, avec une certaine passivité de la communauté internationale ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)