L'enthousiasme et la passion dont vous faites montre sont communicatifs, mais je suis au regret de devoir revenir sur les raisons qui ont conduit à la fusion entre la Cité des sciences et de l'industrie et le Palais de la découverte. Avec une honnêteté incontestable, vous avez évoqué la RGPP. Voilà qui, bien au-delà des inquiétudes du personnel que vous aurez à gérer quotidiennement, fait peser une ombre sur l'accès de tous à la culture scientifique, et surtout de ceux qui en sont le plus éloignés. Pourquoi – mais je sais que vous n'en êtes en rien responsable – ne pas avoir maintenu deux musées, avec leur identité propre et leur singularité ? Un grand pays scientifique comme le nôtre aurait-il trop avec les deux ? Le Palais de la découverte, que nous connaissons pour certains depuis la petite enfance, est une référence depuis soixante-dix ans alors que la Cité des sciences n'existe que depuis une grosse vingtaine d'années. C'est un établissement à échelle humaine dont l'acquis culturel, l'identité, l'histoire devraient être préservés. La fusion va le noyer dans la Cité des sciences, beaucoup plus importante – elle emploie mille personnes. Il n'aura plus d'autonomie, plus de directeur indépendant ni de budget propre, il n'aura plus son statut universitaire puisqu'il devient un EPIC…
Vous avez évoqué les problèmes budgétaires que vous rencontrez. J'espère que les députés de la majorité, qui votent le budget, se sentent concernés. En effet, la logique de la RGPP étant de faire des économies, on peut craindre que la fusion ait pour seul objectif que le nouvel établissement coûte moins cher que la Cité des sciences et le Palais de la découverte cumulés. Où iront ces économies ?
Par ailleurs, le développement de vos ressources propres soulève la question de la qualité de la culture scientifique, qui n'a de valeur que s'il ne peut y avoir aucun doute sur son indépendance. Que des grandes entreprises fassent du mécénat au Louvre pour améliorer leur image ne peut guère influer sur le catalogue des expositions. Mais la culture scientifique peut représenter un enjeu pour certaines grandes entreprises : comment préserver son intégrité et son indépendance ?
Vous avez regretté qu'il ait été dit que le nouvel établissement public était situé à la Villette, avec seulement une « présence » au Grand Palais – vous n'êtes vraiment pas aidée… Enfin, étant le représentant du maire de Paris au conseil d'administration du Grand Palais, je me demande comment votre travail s'articule avec la mission que le Président de la République a confiée à Jean-Paul Cluzel, président du Grand Palais et de la Réunion des musées nationaux, sur la valorisation du Grand Palais. La politique semble partir dans tous les sens, on en cherche la cohérence. Comment allez-vous travailler avec M. Cluzel ?