Bref, nous avons de l'énergie à investir dans nos entreprises publiques et dans nos services publics, au service de chaque citoyen.
Posteo, dans son dernier numéro consacré au changement de statut de La Poste, invite au débat en proposant de répondre à l'hyper-individualisation de la société. C'est précisément le contre-pied de cette évolution que nous voulons prendre. Nous suivons certes La Poste quand elle veut s'adapter aux changements liés au courrier électronique ou à l'acheminement des colis, toujours plus nombreux, du marché en ligne, même si c'est un problème pour nos commerces de proximité. Mais nous ne la suivons pas quand elle veut réduire les effectifs des tournées.
Dans ma commune de Morlaix, que vous ne connaissez pas, monsieur le ministre – ce qui est dommage, car elle est presque aussi belle que la vôtre… –, il n'y a plus que cinq facteurs par secteur au lieu de six. Plusieurs habitants de mon quartier se sont étonnés de ne presque plus recevoir de courrier le lundi alors que beaucoup de publications arrivent habituellement ce jour-là : devant leur exaspération, les facteurs ont fini par expliquer que, pour réduire les effectifs de chaque tournée, la distribution du courrier arrivant le samedi après-midi avait été étalée dans la semaine. C'est cela le progrès ? Non ! Ce genre de pratique fait seulement le jeu de la concurrence. Et, s'agissant de concurrence, déjà une société vient de déposer le bilan. D'autres suivront peut-être.
Je rappelle votre difficulté à admettre, monsieur le rapporteur, la distorsion de service que constituait le fait qu'on transmette la lettre recommandée dans les zones urbaines, là où elle est rentable, et pas obligatoirement dans les zones rurales.
Monsieur le ministre, ce que nous vous demandons, c'est de défendre avec La Poste, avec ses fonctionnaires et ses salariés, un vrai service public performant qui passe par une formation, une mise aux normes et de meilleurs matériels, sur la nécessité desquels tout le monde s'accorde.
Si nous mettons de l'énergie dans nos services publics, nous pourrons répondre aux recommandations du rapport demandé à M. Stiglitz par le Président de la République, qui visent, au-delà de la rentabilité à court terme et de la croissance du PIB marchand, à intégrer dans les critères de développement les services à la personne et le bonheur des gens.
Nous sommes à un moment-clef de notre histoire. Vous avez choisi de vendre par appartements. Nous préférons avoir une vraie vision de société.
Pour terminer, j'aimerais rappeler certains faits à ma collègue Mme de La Raudière, qui ne cessait hier soir de nous reprocher d'être de mauvais gestionnaires. En 1997, si Jacques Chirac a dissous l'Assemblée nationale, c'est uniquement parce qu'il ne parvenait pas à construire un budget avec son gouvernement. En 2002, nous vous avons laissé des comptes publics et sociaux en équilibre. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)