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Intervention de Marylise Lebranchu

Réunion du 17 décembre 2009 à 9h30
La poste et les activités postales — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarylise Lebranchu :

…où la question se pose de savoir comment revenir sur l'ouverture du capital, qui devait être miraculeuse.

Comment veiller à la qualité du capital apporté ? Évidemment, quand il l'est par la Caisse des dépôts, la réponse est simple. Mais pourra-t-elle être indéfiniment appelée à la rescousse ? Non.

Revenons donc à nos fondamentaux. Monsieur le ministre ; expliquez donc à votre gouvernement qu'un État qui se porte bien est un État qui réfléchit à la question des recettes fiscales. Si celle-ci est posée avec justesse, il pourra être efficace en matière de dépenses fiscales.

En réalité, vous utilisez un vieux raisonnement des années soixante-dix où l'on croyait qu'il fallait absolument privatiser pour être efficace.

Je ne peux consacrer tout le temps qu'il faudrait à la publication de La Poste, Posteo¸ qui titre noir sur blanc « S'opposer à ceux qui pratiquent le low cost ». Comment pourrez-vous expliquer aux Français, et particulièrement aux postiers, que c'est pour s'opposer à ceux qui pratiquent le low cost¸ autrement dit ceux qui ne paient pas leurs salariés correctement, que vous changez le statut de La Poste ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) In fine, la seule charge lourde, c'est en effet le personnel. Mettre en regard le statut actuel de La Poste et le low cost qui fait tant de mal au système économique français et européen, c'est se tromper.

J'estime qu'il vaudrait mieux reprendre les thèses des derniers Prix Nobel américains, qui n'ont rien d'horribles gauchistes ou de doux rêveurs. Selon eux, c'est la qualité de service et le bien-être des personnes qui priment, ce qui implique de changer tous nos référentiels. Le Président de la République lui-même, qui a fait appel à Joseph Stiglitz, commence à se rendre compte que la rentabilité à court terme du capital n'est peut-être pas à la source de l'équilibre d'un pays.

Pourquoi appliquer à chaque dossier cette technique de privatisation à terme – La Poste aujourd'hui, les transports peut-être demain ? Vous-même, monsieur le ministre, vous ne vous faites pas d'illusion, je vois bien votre tristesse ce matin. Vous savez très bien qu'à un moment donné, la Caisse des dépôts ne pourra plus répondre aux besoins en capital de La Poste et qu'il faudra chercher ailleurs. Vous allez vendre par appartements et externaliser.

Il faut expliquer – c'est l'un des combats que nous avons menés en vain, entre 1997 et 2002, au niveau européen – qu'un service public peut parfaitement être fonctionnel et être équilibré, si l'on donne à ses personnels une formation et des moyens d'agir, et si l'on change de stratégie. Le service public peut être performant ! Il suffit de prendre l'exemple de l'externalisation des services de restauration, qui a tant opposé les municipalités de gauche et de droite. Nous avons pu constater que le service public rend un meilleur service que Sodexo.

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