Cette carence dévoile finalement l'un des axes directeurs de votre politique : la contraction des moyens des opérateurs publics et la marchandisation d'activités jusqu'alors entièrement régulées par la puissance publique.
Elle n'est pas en cela si différente des mesures que vous avez adoptées dans les domaines de la santé, de l'éducation ou de l'emploi. À leur niveau, les personnels de La Poste, les professeurs, les infirmières ou les agents de Pôle emploi, manquant d'effectifs et de moyens, feront preuve de leur dévouement habituel pour tenter de colmater les brèches dans un service public toujours plus indigent, jusqu'à ce que les usagers lassés finissent par se tourner vers une assurance, une école, une clinique ou un transporteur privés. Vous ne vous étonnerez pas que les socialistes s'opposent avec force à cette lente dérive vers une société atomisée dans laquelle la solidarité aurait définitivement cédé le pas à l'individualisme triomphant.
En conclusion, monsieur le ministre, et malgré vos dénégations – sincères ou simulées, l'avenir nous le dira –, votre projet de loi porte en germe la privatisation. Il appartient aux Français de trancher cette question essentielle qui porte une atteinte majeure au service public. Offrez-leur cette possibilité à travers le référendum qu'ils demandent. Vous montreriez ainsi que la réforme constitutionnelle que vous avez fait adopter a du sens ! Monsieur le ministre, il n'est jamais trop tard pour bien faire. (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)