Monsieur le ministre, nous avons beaucoup à dire sur votre texte, qui appelle de nombreuses critiques. Vous considérerez certainement que mon propos est tissé de banalités, de redites, d'évidences. (« Non ! » sur les bancs du groupe SRC.) Il est vrai que je n'ai pas la prétention de nourrir notre débat d'idées nouvelles ; je veux simplement vous dire ce que pense quelqu'un qui a l'habitude de côtoyer des gens simples. Peut-être est-ce, du reste, le coeur de notre débat : il y a, d'un côté, ceux qui évoluent dans un milieu particulier et, de l'autre, ceux qui vivent dans un monde beaucoup plus difficile. Vous demeurez insensible aux arguments des uns et des autres. D'aucuns, pourtant, ont tenu des discours pertinents, vrais, sincères, humains, en appelant à la solidarité et à des valeurs que vous prétendez partager mais qu'en réalité, vous rejetez, et je le regrette profondément.
Après une discussion qui a duré huit jours consécutifs, le projet de loi réformant le statut de La Poste a été adopté au Sénat. En dépit du succès de la votation citoyenne, vous avez persisté dans la voie que vous aviez tracée. Malgré la détermination apparente du Gouvernement, les sénateurs socialistes, communistes, Verts et radicaux de gauche ont poursuivi la lutte contre une privatisation rampante. Il nous appartient, aujourd'hui, de reprendre ce combat.
Des amendements présentés par le rapporteur UMP ont été adoptés contre l'avis du Gouvernement, afin de préciser que le capital de l'entreprise serait détenu à 100 % par l'État et par des personnes de droit public. Il a fallu un autre amendement de la majorité pour garantir le financement de la présence territoriale. En outre, ainsi que le demandaient les associations de maires, les quatre missions de service public sont inscrites à l'article 2 du projet de loi. C'est dire la confusion qui règne dans la majorité et l'inquiétude de ses élus face au projet gouvernemental. Force est d'ailleurs de constater le peu d'empressement des vôtres à venir vous soutenir dans l'hémicycle : deux députés de la majorité assistent à notre débat ce matin ! S'ils ne sont pas plus nombreux, c'est parce qu'ils sont, pour la grande majorité d'entre eux, au contact de nos concitoyens, dans leurs circonscriptions respectives…