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Intervention de Jean-Louis Idiart

Réunion du 30 octobre 2008 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 — Article 31

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Idiart :

Monsieur le rapporteur, je comprends votre recherche tenace d'économies et ce n'est pas le membre de la commission des finances que je suis qui vous le reprocherait. Toutefois, il y a une limite au-delà de laquelle l'exercice est si difficile, surtout dans le contexte actuel, qu'il en devient incompréhensible. On commence alors à transformer une économie ponctuelle en une somme de dépenses nouvelles pour l'ensemble du pays, si bien qu'on produit le contraire de ce qu'on souhaitait !

Votre amendement visant à abaisser le taux de remboursement des cures thermales en est l'exemple même. Je suis satisfait d'avoir entendu la forte argumentation de Mme Bachelot, cet après-midi au Sénat, en défense et illustration du thermalisme. Le thermalisme ne doit plus être caricaturé ! Nous sommes entrés dans une époque nouvelle, qui fait du thermalisme une discipline moderne au service d'une économie et d'un développement durables pour une meilleure santé de nos concitoyens.

Nous ne sommes plus au temps des stations thermales du Second Empire, où les cours d'Europe se rencontraient, ni au temps du colonialisme, où l'on venait alléger son foie un mois par an. Aujourd'hui, les acteurs du thermalisme sont entourés d'universitaires et de scientifiques. Ils s'appuient sur la recherche et démontrent le caractère efficace de leur discipline. Ils s'inscrivent dans l'ère nouvelle des médecines douces et des traitements efficaces. Votre amendement, monsieur le rapporteur, est une attaque en règle contre une population en quête de soins, composée massivement de personnes modestes – enfants ou personnes âgées, car il en est ainsi aujourd'hui. Votre amendement, monsieur le rapporteur, porte un coup redoutable à l'économie de régions entières : dix-neuf stations en Midi-Pyrénées, treize en Languedoc-Roussillon, douze en Aquitaine. Dans la zone de montagne d'un département comme la Haute-Garonne, l'activité d'une station comme Bagnères-de-Luchon est fondée sur le thermalisme : 2 600 habitants en hiver, 12 000 en été. Tout l'emploi et toute l'activité commerciale, ainsi que les activités induites dans le loisir, la culture et l'environnement, en dépendent. Salies-du-Salat – 2 000 habitants – accueille autant de curistes en été et fait fonctionner un centre de rééducation fonctionnelle autour de son établissement.

Le thermalisme est un secteur important des économies régionales et de l'économie française. Les conséquences de cet amendement seraient terribles en termes d'emploi, de perte de recettes pour l'État, les collectivités et les organismes de protection sociale, et occasionnerait des dépenses nouvelles en matière de santé puisqu'il entraînerait une augmentation de la consommation de médicaments et des arrêts de maladie.

De plus, les territoires fragiles, éloignés des centres urbains et faiblement peuplés, où l'essentiel du thermalisme est basé, prendraient de plein fouet cette perte de curistes.

Monsieur le rapporteur, toute décision de cette nature mérite mieux, exigeant au minimum une étude d'impact. Où est-elle ? Comment prendre une telle décision, fondée uniquement sur l'espoir de réaliser quelques économies, sans connaître les coûts financiers et sociaux qu'elle risquerait d'engendrer ? Comment ne pas respecter les accords signés dans le cadre de la convention passée jusqu'en 2012 avec l'État ? Mes chers collègues, sommes-nous ici pour freiner l'activité économique et aggraver la situation de notre pays, en ce temps de crise si violente ? Attention à ne pas produire des effets contraires à vos intentions ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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