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Intervention de Dominique Dord

Réunion du 30 octobre 2008 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 — Article 31

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Dord :

À mon tour, je vais vous parler de thermalisme. Je regrette, à ce propos, les quelques sourires que j'ai pu déceler ici ou là et qui ne sont pas à la hauteur du sujet.

Le texte du Gouvernement ne touche pas au thermalisme, et l'on ne peut que s'en féliciter. Hélas, un amendement de la commission propose son déremboursement partiel. J'essaierai donc de dénoncer le raisonnement qui sous-tend cet amendement et d'expliquer pourquoi il faut maintenir la place de la médecine thermale dans notre système de santé.

Le raisonnement suivi par les auteurs de l'amendement se comprend mal. Soit ils ont la certitude que le thermalisme ne sert à rien, ce qui contredit l'expérience quotidienne d'entre nous – depuis vingt ans en ce qui me concerne –, et je souhaite alors savoir sur quelles études scientifiques se fonde cette certitude. Soit ils ne l'ont pas, auquel cas il faudrait qu'ils s'en forgent une avant de toucher à cette thérapie héritée de traditions séculaires.

Il ne faut pas pécher par simplisme. De quel thermalisme parlons-nous ? De celui qui traite de rhumatologie ? De phlébologie ? De dermatologie ? D'obésité ? D'ORL ? Il n'y a pas un, mais des thermalismes. Les viser tous sans nuance n'a pas de sens, à l'instar des discours hostiles aux médicaments ou aux vaccinations en général.

J'entends dire aussi – argument suprême – qu'il faut avoir le courage de faire des choix difficiles à l'heure où l'assurance maladie est en difficulté. Mais 50 millions d'euros pour 500 000 curistes, cela ne fait que 100 euros par malade et par an. Qui peut nous dire combien coûterait un traitement alternatif à coup de médicaments pour ces 500 000 patients ? Qui peut nous dire combien coûteraient 10 000, 20 000, peut-être 30 000 journées d'hospitalisation de substitution ? Qui peut nous dire combien coûteraient, en indemnités journalières, les arrêts de travail consécutifs à une absence de cure thermale ? Qui peut nous dire si ces 500 000 cures thermales ne coûteraient pas, finalement, moins cher que tous ces autres traitements réunis – ou toutes ces autres absences de traitements ?

Mes chers collègues, je vous le dis tranquillement, le thermalisme ne coûte pas cher et, surtout, il soigne des milliers de personnes depuis des siècles.

On me répondra qu'il y a des abus. Mais contrôlons-les, comme on contrôle l'abus de consultations médicales, l'abus de médicaments, l'abus d'examens en tout genre, sans pour autant songer en aucune manière à les dérembourser.

Le thermalisme, j'en ai la sereine conviction, est une forme moderne de thérapie, au coeur des problèmes de santé d'aujourd'hui. C'est une thérapie douce, naturelle, parfaitement ancrée dans la culture de notre époque, et qui s'inscrit dans un parcours de soins puisque les cures font l'objet d'une prescription puis d'un suivi médical.

Le thermalisme est aussi, et peut-être d'abord, un rendez-vous de trois semaines avec soi-même et avec son corps. Et qui sait si ce rendez-vous n'est pas la meilleure des thérapies pour toute une série d'affections ?

Est-on bien sûr d'avoir meilleur traitement contre la douleur à proposer à cette sexagénaire atteinte de polio qui attend chaque année sa cure thermale à Aix-les-Bains pour un répit de plusieurs mois dans sa souffrance ?

Peut-on garantir autrement à cet adolescent obèse qu'il va perdre jusqu'à neuf kilos au cours d'une cure thermale ?

Et si, sur cent quadragénaires qui arrêtent de fumer grâce à vingt et un jours de cure, vingt ou vingt-cinq d'entre eux étaient épargnés par un cancer du poumon ?

Le thermalisme n'est-il pas, enfin, un des meilleurs outils du bien-vieillir, question au coeur de notre société ?

Nous aurions tort de croire, à l'instar et y compris de quelques députés médecins, que tous les maux dont souffre notre société peuvent se traiter exclusivement à coup de médicaments, de matériel médical toujours plus sophistiqué ou d'une certaine manière de sectarisme scientifique.

Bien entendu, le thermalisme n'est pas tout notre système de santé, mais entendre dire – avec un zeste de condescendance – qu'il n'y contribue en rien, me choque profondément. C'est une insulte à l'intelligence que de nier la multiplicité et la complexité des formes de la souffrance humaine.

L'assurance maladie vient de renouveler le cadre conventionnel du thermalisme jusqu'en 2012 et elle a eu raison. Des budgets considérables sont consacrés, sous son contrôle, à différentes études qui feront la preuve du service médical rendu à partir de 2009 et jusqu'en 2012. Plutôt que de nous laisser guider par des images d'Épinal, attendons d'en prendre connaissance avant toute décision hâtive qui serait jugée par 500 000 de nos compatriotes malades et souvent modestes comme une insulte ou, pire, comme un abandon. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

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