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Intervention de Michel Voisin

Réunion du 16 décembre 2009 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la situation en afghanistan et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Voisin, suppléant M :

Leur engagement mérite que soient posées quatre questions essentielles.

La mission de la coalition internationale en Afghanistan doit-elle être considérée comme un échec ? Devons-nous changer de stratégie ? Faut-il revoir les moyens alloués à nos forces ? Faut-il donner à notre action collective une impulsion internationale ?

Il est incontestable que la situation sur le plan sécuritaire s'est dégradée. Il est aussi vrai que le résultat de l'élection présidentielle est insatisfaisant. Cependant, le seul fait que cette élection ait pu se tenir, avec un taux de participation assez élevé, peut être considéré comme encourageant dans la mesure où les talibans avaient fait peser de sévères menaces sur les électeurs. Les Afghans ont démontré qu'ils approuvaient un processus qui ne repose pas uniquement sur la force ou sur la violence, ce qui est un signe d'espoir pour l'avenir.

Nous pouvons constater que certains talibans se déclarent prêts à des négociations de paix avec les Occidentaux et semblent prendre leurs distances avec Al Qaïda. Ce simple constat montre que la mission de la coalition ne saurait être considérée comme un échec.

Notre engagement à apporter aux Afghans la sécurité et la stabilité dont ils ont grand besoin commence à produire ses effets. Il doit être poursuivi car c'est en créant les conditions de la sécurité que la coalition pourra transférer aux autorités afghanes l'entière responsabilité de la sécurité en Afghanistan. Ce transfert représentera une victoire pour la coalition.

Quand je parle de victoire, je veux parler de victoire politique par la création de conditions de stabilité suffisantes pour engager un processus pacifique en Afghanistan. Je ne pense pas à une victoire purement militaire qui, nous le savons tous, n'est ni possible ni suffisante.

Faut-il changer de stratégie ?

Un peu plus d'un an après notre débat du 22 septembre 2008 sur l'Afghanistan, nous sommes en droit - et avons même le devoir - de nous interroger sur les objectifs de la présence française.

On ne peut pas dire, comme le fait le Parti socialiste, que les objectifs initiaux aient été dévoyés. Notre politique vise, depuis le début de nos opérations fin 2001, à contenir le terrorisme, alors que nous connaissons les liens entre les talibans et Al Qaïda. Trois autres groupuscules existent, dont on ne parle pas, mais que nous ne devons pas oublier. Comme nous le savons, la majorité des complots terroristes démantelés ont leurs racines dans des zones contrôlées par Al Qaïda. En parallèle, notre contribution à la reconstruction est plus que significative. Lors de son audition par la commission de la défense, la semaine dernière, le représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan, notre collègue Thierry Mariani, nous en a fait une très convaincante démonstration.

Je considère comme injuste le reproche fait par la gauche au Gouvernement de ne pas proposer de vision stratégique. Faut-il rappeler que c'est le gouvernement français qui a fait adopter au sommet de Bucarest en avril 2008 une stratégie qui prévoit notamment l'obligation de transférer la responsabilité du pays aux institutions afghanes, la nécessité de mettre en place une coordination des actions et la nécessité d'une stratégie politique d'ensemble tenant compte des voisins de l'Afghanistan ?

Je ne pense pas non plus qu'il faille, comme le suggère le Parti socialiste, annoncer une sortie programmée, calculée et planifiée. S'il va de soi que nous devons avoir une stratégie de sortie, annoncer une date me semblerait une erreur. En effet, les talibans n'auraient plus qu'à attendre le départ des forces de la coalition pour adapter leur propre stratégie en conséquence.

Dans la situation actuelle, les décisions prises récemment par le président Obama sont courageuses et vont dans le bon sens.

Nos alliés américains attendent de notre part une réponse à la suite de leur demande de renforts. Le président Sarkozy a eu la sagesse de ne rien exclure catégoriquement. La conférence internationale de Londres de janvier prochain sera l'occasion d'évaluer les besoins et de déterminer les efforts à consentir en complément de ce que nous avons déjà fait.

Les États-Unis ont maintenant une stratégie de sortie de crise, ce qui est un point essentiel. Dès lors que nous nous fixons comme objectif d'accélérer le transfert de responsabilités aux Afghans, notre effort devra porter surtout sur le renforcement de la formation des policiers et des militaires de l'armée nationale afghane ; j'y ajoute - nous n'en avons pas parlé dans ce débat - celle des garde-frontières, élément essentiel pour éviter les allers et venues d'un pays avoisinants. La France a déjà beaucoup investi en ce domaine et a pris récemment des décisions opportunes, notamment l'envoi de gendarmes pour former le personnel des services de sécurité afghans. Il nous faudrait cependant encore augmenter les moyens financiers et humains pour reconstruire ce pays qui a tant besoin de notre aide et pour en améliorer la gouvernance.

Nous avons tous la conviction que la solution à cette crise ne peut être que politique. Toute approche qui reposerait sur le seul emploi de la force serait non seulement vouée à l'échec mais aurait de surcroît un effet déstabilisateur. Nous pouvons nous réjouir de constater que cette conclusion est partagée par tous les pays engagés dans la coalition internationale en Afghanistan, Sans excès d'autosatisfaction, il me semble que l'on peut se féliciter de voir l'OTAN, et nos alliés américains en particulier, se rapprocher du point de vue défendu par la France sur la stratégie globale de contre-insurrection.

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