Au-delà des débats qu'a pu susciter sur ces bancs le sens politique de notre engagement en Afghanistan, il demeure que la tragédie d'Uzbeen a sans doute joué, tant pour la classe politique que pour la société française dans son ensemble, un rôle de brutal révélateur de la situation à laquelle faisait face notre armée en Afghanistan, à travers des actions de guerre d'une intensité sans précédent depuis les événements d'Algérie.
Après que la coalition eut, en 2001, rapidement atteint ses premiers objectifs, les forces de l'Alliance du Nord entrant dans une Kaboul désertée par les talibans quelques jours à peine après le lancement de l'opération « Enduring Freedom », le déclenchement en 2003 de la seconde guerre d'Irak a pour longtemps détourné l'attention du théâtre afghan alors que la situation continuait d'y demeurer problématique, ainsi que j'ai pu moi-même le mesurer en me rendant par trois fois dans ce pays au cours de l'année 2008.
Je veux le redire ici, l'invasion de l'Irak par l'armée américaine n'a pas seulement détourné de l'Afghanistan une attention et des moyens qui auraient été nécessaires, elle a aussi considérablement affaibli la force morale et la légitimité qui étaient celles de la coalition en Afghanistan aux yeux de l'opinion publique internationale, bien sûr, mais également aux yeux des Afghans eux-mêmes.
Au lendemain des dramatiques attentats du World Trade Center, c'est pourtant bien sur le fondement de l'article 52 de la Charte des Nations unies que le Conseil de sécurité a reconnu aux États-Unis le droit d'entreprendre des actions militaires de légitime défense contre les auteurs de ces attaques. C'est sur le fondement du droit à la légitime défense que Jacques Chirac et Lionel Jospin décidèrent alors, dans un esprit de consensus, d'engager la France aux côtés de ses alliés.