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Intervention de Jean Glavany

Réunion du 16 décembre 2009 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la situation en afghanistan et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Glavany :

D'où ce paradoxe étonnant : alors que de Gaulle avait quitté le commandement intégré en 1966 parce qu'il n'avait pas pu obtenir, en huit ans, la moindre des garanties et qu'il prenait garde à ne pas être entraîné dans l'enlisement au Vietnam, aujourd'hui, c'est le président Sarkozy - il a sûrement obtenu, en quelques mois, toutes les garanties, mais nous n'en voyons pas la trace – qui prend le risque d'un enlisement en Afghanistan.

Au-delà de ce camouflet, il y a surtout des réactions à contre-temps. Car on peut dire ce que l'on veut du président Obama, ce que je sais, ce que nous pensons, c'est que le président Bush allait droit dans le mur. Et que le président Obama se pose aujourd'hui des questions, impulse des décisions stratégiques en cherchant une porte de sortie, une solution. De ce point de vue, c'est un progrès notoire. Or nous avons le sentiment que le Gouvernement de la France et le Président de la République, qui étaient infiniment plus suivistes pour le président Bush, sont infiniment plus critiques pour le président Obama, alors que c'est probablement le contraire qu'il aurait fallu faire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

J'en viens à mon avant-dernier point sur les propositions que nous faisons. Nous partons d'un principe qui est le renversement du vieux précepte : « Si tu veux la paix, prépares la guerre. » Nous disons, nous : « Puisque nous faisons la guerre, préparons la paix. » (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Nous pensons, nous socialistes, qu'il n'est pas trop tôt pour parler de paix en Afghanistan et qu'il importe au contraire de renverser la tendance pour parler de la paix et créer les conditions de la paix. Nous proposons et demandons qu'une feuille de route nouvelle soit donnée à la coalition, une feuille de route dont on connaît les termes. Ils font l'objet d'un consensus : d'abord l'afghanisation des forces de sécurité – ce qui , accordez-le, monsieur le ministre, est plus facile pour les militaires que pour la police –, la lutte contre la corruption – le président Karzaï ne donne pas en ce moment de signes extrêmement favorables –, la lutte contre la drogue et la culture de pavot, la lutte pour l'éducation, notamment des jeunes filles, le développement rural. Des choses simples sur lesquelles nous demandons que soient fixés des objectifs chiffrés, précis, et que l'on fasse le point de la progression vers ceux-ci. C'est cela, la feuille de route ; c'est se fixer des objectifs et avancer concrètement sur la voie de ces objectifs.

C'est la proposition de cette feuille de route pour la paix que nous faisons. Mais, monsieur le ministre, je veux aller plus loin. Si nous voulons que cette feuille de route nouvelle ait un sens, il faut la faire valider par l'ONU. Il faut un nouveau mandat de l'ONU, car le mandat actuel date de 2001. Et la situation a complètement changé. Nous devons donc aboutir à un nouveau mandat, un mandat de l'ONU qui prenne compte de ces réalités nouvelles et de ces impératifs nouveaux.

J'en viens à ma conclusion. Messieurs les ministres, il faudra revenir en parler devant le Parlement. Car si vous voulez que le lien entre l'armée et la nation, si essentiel en République, perdure, se renforce, il faut que les parlementaires, les élus de la République, soient associés, soient consultés et puissent voter sur les engagements que vous prenez sur la scène internationale. Cela me paraît essentiel et je regrette qu'aujourd'hui cela n'ait pas pu se faire. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

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