Avez-vous souvenance de ce responsable de la poste néerlandaise qui est venu nous expliquer qu'aux Pays-Bas, la question se posait de la distribution du courrier tous les jours. Ce que vous et moi, ce que nos concitoyens comme les sujets du royaume des Pays-Bas appellent le courrier représente, dans nos deux pays, environ 15 % du courrier global. Un sondage avait été mené auprès des entreprises néerlandaises – 85 % du courrier –, pour savoir si elles étaient intéressées par une distribution tous les jours. Majoritairement, elles avaient répondu que non, qu'elles souhaitaient recevoir le courrier deux ou trois fois par semaine. J'imagine que cette réponse était dictée par des considérations liées au travail à temps partiel : à quoi bon avoir des salariés qui travaillent toute la semaine si le courrier n'est distribué que trois fois par semaine ? Quoi qu'il en soit, la question était posée : comment faire pour le courrier distribué aux familles ? Allait-il, lui aussi, être distribué deux ou trois fois par semaine ?
En France, nous ne sommes pas tout à fait dans la même situation. Il y a, c'est vrai, monsieur le ministre, la distribution par La Poste de la presse. Mais de plus en plus d'entreprises privées se positionnent sur le marché de la distribution de la presse. Vous allez affirmer mordicus, monsieur le ministre, et je suis même prêt à vous croire, que vous souhaitez que La Poste continue d'être contrainte de distribuer la presse six jours sur sept. Mais si, au fil des ans, le privé prend de plus en plus de parts de marché dans ce domaine, ou que la presse elle-même organise sont propre dispositif de distribution, les termes de la question peuvent changer. Et c'est là une des réponses, monsieur le ministre, à la question que vous posiez tout à l'heure : qui osera remettre en cause certaines des missions de service public actuellement dévolues à La Poste ? Cela pourra arriver quand les entreprises privées, le grand capital, comme on dit encore – parce que ça existe –, voudra se positionner sur un marché qui pourrait, finalement, l'intéresser. Il y a là une véritable menace.
Nous n'avons aucune assurance quant au risque de voir la distribution du courrier ne plus être assurée à domicile, comme cela se pratique en Suède, où le client va chercher son courrier au bureau de poste, faute de quoi il doit payer pour être livré à domicile.
Nous refusons cette dégradation réservée à certaines franges de la population qui n'auront plus que des services postaux au rabais, rompant ainsi l'égalité de traitement entre les usagers, ce qui rendra la vie des populations de zones peu peuplées encore plus difficile.
Nous ne voulons pas assister à la concentration de toutes les richesses de notre pays dans les centres villes de ses grandes agglomérations. Aujourd'hui, un tiers de notre territoire est en situation de repli, perd des habitants, des emplois, des activités, publiques comme privées. La privatisation de La Poste est, à ce titre, un nouveau message, extrêmement négatif, adressé aux habitants. Il est par conséquent nécessaire de le contrebalancer en réaffirmant les valeurs que se doit de défendre un vrai service public.
Car oui, en la matière, La Poste est en phase avec le Gouvernement. Vous ne cessez de dire qu'il faut diminuer le nombre de fonctionnaires. L'exploitant public a effectivement supprimé 250 000 postes depuis cinq ans !
La Poste représente aujourd'hui, tous métiers confondus, 287 000 salariés, dont 142 000 fonctionnaires et 145 000 salariés de droit privé dits « contractuels », embauchés en CDI ou en CDD.