Je sais aussi que vous faites peu cas de nos suggestions, ce qui n'empêche pas certains leaders de la majorité de nous reprocher de ne pas faire de propositions. Justement, l'une d'entre elles qui porte sur la loi Travail, Emploi et Pouvoir d'achat, loi TEPA, possède trois qualités principales : elle n'a pas varié, elle est juste et elle est d'une grande actualité tant parlementaire que populaire. Dès l'été 2007, on vous a dit et redit que ces mesures n'étaient bonnes ni pour notre économie en général, ni pour l'emploi, ni pour le pouvoir d'achat, ni pour la justice fiscale, sociale et humaine. Vous n'avez rien voulu entendre, vous réfugiant derrière un dogme apparent – baisser les impôts des plus aisés pour relancer l'activité, la croissance et la consommation – et un autre qui l'était peut-être moins – faire plaisir à vos « supporters ». Le bilan économique est calamiteux, le bilan moral également.
Même si la loi TEPA ne se résume pas au bouclier fiscal, celui-ci en est le symbole. Drôle de symbole en vérité quand, en pleine dépression économique, les chiffres dévoilés ce matin par vos services, à la demande du président Didier Migaud, témoignent de l'énormité de votre erreur fondamentale doublée d'un cynisme qui laisse perplexe. Et je suis gentil !
Je ne vais pas reprendre tous les chiffres et autres éléments comparatifs, mais aller synthétiquement à l'essentiel. Sur 13 998 bénéficiaires du bouclier fiscal qui coûte 458 millions d'euros au budget de la nation, 60 % se partagent 1 % de la somme et réalisent un gain moyen de 580 euros, pendant que 6 % s'en octroient 63 % et encaissent un bonus moyen de 368 000 euros, soit la moitié des impôts qu'ils auraient dû payer sur la base de leur patrimoine évalué à plus de 15 millions d'euros. Excusez du peu !
Et vous osez nous dire, comme preuve de vertu, que les bénéficiaires les plus nombreux du bouclier fiscal ne sont pas assujettis à l'impôt sur la fortune ! De qui vous moquez-vous ? De Coluche disant qu'il faut taper sur les plus pauvres parce que ce sont les plus nombreux ?