Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la pause que nous constations, en 2007, dans l'augmentation des dépenses des SDIS n'a pas duré puisque ces dépenses ont augmenté de 6 % en 2008. La dérive financière, que nous regrettions dans le rapport de la MEC, continue donc.
En 2008, on recense 39 227 sapeurs-pompiers professionnels, soit 507 de plus qu'en 2007. En dix ans, leur nombre sera ainsi passé de moins de 30 000 – ils étaient environ 28 000 –, à bientôt plus de 40 000. La sécurité civile n'est donc pas pilotée dans notre pays, et l'État ne peut s'en désintéresser.
Lors de la discussion budgétaire, j'ai souligné les avancées du Gouvernement sur certaines des trente-huit propositions du rapport de la MEC : le renforcement des pouvoirs du président du conseil général sur le directeur départemental, le guide des bonnes pratiques des SDIS, la rationalisation de la formation des sapeurs-pompiers, l'information du contribuable…
Je me félicite également de l'ouverture du Gouvernement sur la possibilité de mentionner le coût des SDIS par habitant sur les feuilles d'impôts locaux. Ce coût, qui s'établit en moyenne à 80 euros par Français, peut être, pour une famille de quatre personnes, plus élevé que la taxe d'habitation. Une telle mention permettra l'information du contribuable et constituera ainsi un mécanisme d'alerte des responsables nationaux et locaux. Puisque la modification en cours de la fiscalité locale entraînera une refonte des avis d'imposition, pouvez-vous vous engager, monsieur le ministre, à ce que la mention du coût des SDIS y figure en 2010 ?
Par ailleurs, je constate un désaccord avec le Gouvernement sur plusieurs propositions centrales de la MEC ; j'en mentionnerai trois.
Premièrement, le rapport de la mission a mis en évidence les difficultés de fonctionnement de la Conférence nationale des services d'incendie et de secours, la CNSIS. En effet, le référentiel de secours à personne a été négocié en 2008 par les représentants des ministères, des SAMU et des sapeurs-pompiers, sans qu'y soient associés les élus ; ce n'est qu'après sa signature que le texte a été soumis à la CNSIS, sans possibilité de modification. Par ailleurs, le paquet de mesures relatives aux sapeurs-pompiers volontaires, qui vient d'être adopté, a été évalué par la direction de la sécurité civile à 30 millions d'euros par an, alors que d'autres sources l'estiment à 40 millions d'euros. Pourquoi le Gouvernement a-t-il précipité l'adoption de ces mesures avant que la commission « Ambition volontariat », présidée par M. Luc Ferry, ait rendu son rapport ? Pourquoi la CNSIS n'a-t-elle pas eu à examiner à nouveau ces mesures après les modifications intervenues au cours de l'été ? J'y vois, monsieur le ministre, la justification de la proposition de la MEC visant à ce que la commission de la CNSIS chargée des finances soit exclusivement composée de représentants de l'État, qui décide, et des élus, qui paient.
Deuxièmement, le référentiel commun SDIS-SAMU de secours à personne généralise de fait les départs réflexes des sapeurs-pompiers afin de pallier les défauts de la permanence des soins en matière d'aide médicale d'urgence. La MEC a estimé qu'il s'agit d'un sujet majeur, qui doit faire l'objet d'un débat de nature législative. J'ajoute que, pour le transport sanitaire, ce référentiel commun n'a pas inclus les ambulanciers, qui ont fait l'objet d'un accord distinct avec les seuls hôpitaux. Or, les SDIS et les ambulanciers font souvent double emploi et le contribuable paie deux fois un même service public.
Troisièmement, les centres de secours sont encore principalement organisés sur la base de gardes de vingt-quatre heures, alors qu'il y a peu d'interventions entre vingt-trois heures et six heures du matin. Les sapeurs-pompiers professionnels effectuant en moyenne quatre-vingt-dix gardes de vingt-quatre heures par an, ils sont absents de leur lieu de travail 270 jours par an. Un métier que l'on exerce peu est un métier que l'on exerce mal. Or, les sapeurs-pompiers professionnels doivent maintenir un haut niveau de compétence. Chacun d'entre eux effectue en moyenne 143 interventions par an. Il a été calculé que, pour les sapeurs-pompiers de Reims, la durée moyenne d'intervention est de deux heures dix-sept par garde de vingt-quatre heures. Une spirale infernale s'enclenche alors : moins de travail entraîne plus de formation, afin de maintenir un haut niveau de compétence. Cette situation a abouti à la création de quatre-vingts écoles de sapeurs-pompiers en France et a généré une augmentation importante des coûts de gestion.
Les discussions européennes sur la directive relative au temps de travail pourraient remettre en cause le principe d'équivalence et considérer que chaque heure de garde est une heure travaillée, ce qui réduirait encore la présence des sapeurs-pompiers professionnels dans les centres de secours. Il faut donc réviser le décret du 31 décembre 2001 pour établir un système correspondant à huit heures de travail par jour. Avec un tel dispositif, le temps de travail annuel étant de 1 600 heures, les sapeurs-pompiers professionnels seraient présents deux cents jours par an dans les centres de secours et exerceraient ainsi davantage leur métier. En outre, ce système supprimerait la nécessité de disposer de dortoirs et de chambres à coucher dans les centres de secours ; d'où une économie d'investissement. Enfin, cette nouvelle organisation serait moins coûteuse, car elle permettrait de moduler les effectifs en fonction de l'activité opérationnelle tout au long de la journée.
En conclusion, nous avons tous le devoir de réduire la dépense publique. L'État demande aux collectivités locales d'y participer : voilà une piste qui me paraît intéressante. Je vous remercie, monsieur le ministre, pour l'attention que vous voudrez bien porter à ces propositions.
Le 06/03/2010 à 09:39, fireman841 (sapeur-pompier professionnel) a dit :
Monsieur le Député,
Quand les dépenses d'une collectivité augmentent dans des proportions importantes, il est bien légitime que les pouvoirs publics s'en inquiètent et qu'ils tentent d’en identifier les origines. C'est ce que cette Mission d’évaluation et de contrôle (MEC) a tenté de vouloir faire mais de la plus mauvaise manière possible. La proposition de loi visant à modifier notre régime de travail avec pour base des cycles de 8 heures n’est que la suite logique d’un travail bâclé et orienté.
Comment est-il possible de s'imaginer qu'un sapeur-pompier professionnel ne travaille que deux heures en moyenne sur une garde de 24H? Il ne s'agit là que d'une extraction particulièrement réductrice des relevés informatiques notifiant les départs en intervention et leurs retours.
Et si l'on s'intéressait à vous maintenant, monsieur le Député! Comptabilisons votre temps de présence dans l'hémicycle sur l'année et comparons-le aux 35 heures hebdomadaires que réalisent tous vos concitoyens pour des salaires de 6 fois inférieurs: que vont-ils penser de vous à présent !
Vous aller me dire que mes calculs sont absurdes et qu'il ne prennent pas en compte toute la préparation que nécessite votre travail en amont de la sortie des textes, les heures interminables de train et d'avion, le temps passé à l’assemblée qui se termine parfois tard dans la nuit, la pénibilité de vos hautes responsabilités et tant d’autres choses encore difficiles à comptabiliser quand le regard porté n’est que mathématique.
Et c’est exactement là que je veux en venir ! Lançons une mission d’évaluation sur le travail des tireurs d’élites qui assurent au quotidien votre sécurité. Comment aller vous évaluer leur temps de travail en intervention alors qu’ils n'en réaliseront peut-être jamais sur la totalité de leur carrière. Je vous propose de leur compter une heure de temps de travail le jour ou malheureusement ils devront tirer pour assurer votre sauvegarde. M. le député, vous avez choisi-là une méthode particulièrement dangereuse, y compris pour vous !
Votre vision réductrice de la profession de Sapeur-pompier vous fait honte ! Sachez, Monsieur, que les Sapeurs-pompiers Professionnels qui viendront vous porter assistance le jour où tout semble basculer dans votre vie, aurons bien heureusement pour vous, travaillé plus que le simple temps de présence à votre domicile. Laissez-moi vous en dresser l’inventaire :
Pour votre sécurité, ils auront pris soin de vérifier chaque matin la présence de tout le matériel dans l’ambulance qui vous aura pris en charge.
Pour votre hygiène, Ils auront nettoyé consciencieusement chaque matin la-dîtes ambulance pour vous éviter tout risque de transmission de maladie nosocomiale.
Pour arriver au plus vite et traverser à la hâte votre immense jardin, ils auront pris soin de maintenir leur forme physique lors de chaque journée de travail.
Pour que lors de votre prochaine demande de secours les conditions soient optimales pour vous, ils auront pris soin de reconditionner tout le matériel utilisé ainsi que le véhicule.
Pour que votre prise en charge se fasse en toute sécurité, ils auront pris soin de maintenir leurs connaissances durant chaque garde.
Pour être exhaustif, je veux rajouter à cette liste, l’ensemble des tâches administratives et techniques que nous réalisons pendant nos « longues journées de détente à la caserne » et qui ne sont pas, elles non plus, comptabilisées dans votre pseudo mission d’évaluation.
Pour conclure, je souhaite que cette lettre puisse être le reflet le plus exact possible de tout le mépris que nous pouvons ressentir à l’encontre de vos agissements professionnels dignes d’un jeune stagiaire sans expérience au salaire surévalué. Bien heureusement pour nous, toutes vos initiatives n’atténueront jamais la passion avec laquelle nous exerçons notre métier et la gratitude que nous voyons tous les jours dans les yeux et les comportements de ceux à qui nous portons modestement notre assistance.
Sergent Eric HERBE
Le 16/01/2010 à 18:20, Pompier en colère a dit :
Ce rapport est à charge, partiel et partial. La prétendue « flambée des dépenses » n'est absolument pas fondée et se base sur un constat erroné.
La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) appelle à maintenir la qualité et l'efficacité des services d'incendie et de secours, gravement menacées par ce rapport.
L'augmentation du coût des SDIS qui repose aujourd’hui injustement sur les seuls départements, est une question bien réelle, mais plutôt que de préconiser des solutions à cette question, ce rapport se livre à une attaque en règle contre le cadre d’organisation des services d'incendie et de secours, et avance des propositions particulièrement dangereuses pour le seul service public de proximité subsistant, disponible 24h/24, 7j/7 :
- remise en cause de la compétence partagée entre l’Etat et les collectivités territoriales,
- critique des mesures d’incitation et de soutien à l’activité des 200.000 sapeurs-pompiers volontaires,
- dénonciation" du régime de travail et de rémunération des 39.000 sapeurs-pompiers professionnels.
Il y a menace pour la sécurité des Français. Les députés ont entre leurs mains le maintien du niveau de protection des populations!
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