Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la ministre, mes chers collègues, la crise financière justifie la multiplication de lois de finances rectificatives qui permettent au Gouvernement d'ajuster ses prévisions budgétaires. Vous décrivez, mais comme à regret, monsieur le ministre du budget, le solde budgétaire global négatif de 103,8 milliards d'euros comme s'il était constitué d'une bonne part de déficit de crise lié à des mesures non pérennes. Dans la présentation de ce collectif, en commission des finances, vous vous êtes très peu étendu sur la dette publique, qui atteint maintenant 73,9 % du PIB.
C'est pourquoi je veux évoquer la dette, toute la dette, publique comme privée, et ses liens avec le pouvoir d'achat et l'emploi. À cet égard, je vais rappeler la situation des États-Unis – pays que vous avez, comme d'ailleurs le Président de la République, toujours tendance à copier.
En 1981, l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan a signé le départ de l'augmentation de la dette : les libéraux ont baissé les impôts sur les plus riches, ce qui a fait croître la dette publique ; mais c'est surtout la dette privée qui a augmenté parce que, à cause du chômage et de la précarité, un nombre croissant de ménages ont été obligés de s'endetter pour maintenir leur pouvoir d'achat. Il en est aujourd'hui de même en Europe, et nous voyons le même mécanisme se mettre en place dans notre pays. Patrick Arthus, directeur des études à la Caisse des dépôts, a montré que, dans la zone euro, la dette privée est passée, en dix ans, de 75 % à 145 % du PIB. Sans la dette des ménages, la croissance de la zone euro serait nulle depuis 2002. On donne par la dette ce que l'on ne donne pas en pouvoir d'achat ;…