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Intervention de Henri Emmanuelli

Réunion du 18 mars 2009 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2009 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Emmanuelli :

Ce n'est pas sérieux. Quand M. Mariton dit, comme le fait tous les jours M. Sarkozy, que vous n'avez pas été élus pour instituer de nouveaux impôts, je veux bien le croire, mais vous n'avez pas non plus été élus pour créer des déficits abyssaux ! Cela ne faisait pas partie du programme du Président de la République ni de vos intentions. Il faudra bien, à un moment ou à un autre, que les déficits rencontrent les prélèvements ou que les prélèvements rencontrent les déficits – appelez cela comme vous voulez, mais c'est inévitable.

Qu'est-ce que ces débats surréalistes qui ne changent rien à la situation actuelle, qui n'éclairent en rien nos concitoyens, et qui ne font pas avancer les choses ? Je souhaite que l'on revienne, si c'est possible, à des considérations un peu plus sérieuses.

Pourquoi ai-je dit, monsieur le ministre, que votre discours de cet après-midi était surréaliste ? La loi TEPA a traduit l'orientation que le Gouvernement et le Président de la République ont voulu imprimer, au début du quinquennat, à notre politique économique. Nous ne partagions pas ces choix, et nous ne les partageons toujours pas, mais c'était votre droit de les défendre comme vous les avez défendus, en nous expliquant qu'il valait mieux que les heures supplémentaires coûtent moins cher que les heures normales, ou encore que l'on ait une fiscalité qui fasse la part belle aux revenus supérieurs sans se préoccuper des autres. C'était votre droit. Mais ce qui est surréaliste, c'est que, dans la situation de crise exceptionnelle que nous connaissons, vous persistiez comme si de rien n'était.

À la limite, si – ce que je ne crois absolument pas – des heures supplémentaires moins chères que les heures normales pouvaient être justifiées en 2007, comment pouvez-vous, dans la situation actuelle, maintenir ce genre d'affirmation ? Les chiffres ont été donnés ; vous les connaissez aussi bien que moi, et vous savez que ce que nous vivons tous les jours – je suppose que cela arrive dans vos cabinets en flux continus –, ce sont des entreprises qui déposent le bilan, qui voient leurs carnets de commande s'effondrer, qui vont faire des plans sociaux, bref, une activité qui se détériore à très grande vitesse, à une vitesse que je n'ai pas connue en trente ans et que d'autres plus âgés n'ont pas davantage connue.

Dans ce contexte, continuer à faire « comme si », cela a effectivement un côté surréaliste, et c'est pourquoi je protestais tout à l'heure depuis mon banc.

Il y avait les thèmes. Il y a vos choix : vous avez élaboré un plan de relance. Nous vous avons dit ce que nous en pensions : que ce plan était très insuffisant pour l'investissement et péchait du côté de la demande. Ce débat a eu lieu et je n'y reviens pas, mais enfin convenez que si l'on voulait être caricatural, on pourrait dire que la nouveauté de ces deux derniers jours, c'est que M. Obama a annoncé 460 milliards de dollars pour la recherche alors que le Gouvernement français annonce 3 milliards pour les bistrots.

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