Ma question s'adresse à Mme la ministre d'État, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés. Les problèmes révélés par les administrations pénitentiaires, et plus particulièrement par les personnels directement en charge de la surveillance, prennent de plus en plus d'ampleur et deviennent des plus alarmants.
Après la visite de la prison de Longuenesse, la rencontre au mois d'août avec le directeur adjoint de la prison de Béthune, la visite de cet établissement et un entretien avec des représentants syndicaux, mon inquiétude est grande, tant la réalité du terrain est consternante. Les prisons sont surpeuplées – plus 250 % à Béthune, et trois détenus par cellule dans un établissement datant du siècle dernier. Bien d'autres établissements ne sont pas mieux lotis. À Douai, toujours les mêmes revendications : les conditions de travail sont difficiles, les rondes de nuit sont effectuées par un personnel très réduit, comme au centre pénitentiaire de Liancourt.
Pour pallier le manque de personnel, l'exécution de certaines tâches est confiée à des sociétés privées, parfois même étrangères, alors qu'elles étaient autrefois confiées au personnel pénitentiaire et permettaient de créer un lien nécessaire avec les prisonniers. La gestion des cantines, par exemple, ou celle des téléphones portables déléguée à la société belge SAGI.
Ainsi, certains trafics s'instaurent, la loi du plus fort et l'omerta font le reste, créant un climat d'insécurité pour les personnels.
Dans la région Nord–Pas-de-Calais, qui compte 22 établissements, le protocole d'accord signé le 11 mai 2009 par la garde des sceaux, le directeur de l'administration pénitentiaire et les syndicats n'est toujours pas appliqué.
Face à un climat des plus tendus, une population carcérale difficile à gérer, des suicides, un personnel mécontent, il est nécessaire de procéder à une transformation radicale du mode de fonctionnement pénitentiaire.
La Voix du Nord relate aujourd'hui que cinq détenus ont tenté de se suicider ce week-end à la prison de Loos-Sequedin, quatre par pendaison et le cinquième en avalant des barbituriques. L'article précise encore qu'un sixième détenu a mis le feu à sa cellule pour une raison que l'on ignore. Heureusement, ils ont tous pu être sauvés et sont actuellement hospitalisés.
Monsieur le secrétaire d'État à la défense, compte tenu de ces situations d'urgence, il faut agir vite. Il faut ouvrir la voie à la réinsertion des détenus condamnés à des peines mineures, augmenter les effectifs des surveillants et leur apporter plus de considération dans leur fonction. J'espère que la réponse que vous me communiquerez sera de nature à nous rassurer.