Monsieur le président, monsieur le président de la commission de la défense, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les députés, permettez-moi de vous dire, même s'il est d'usage d'oublier ce que nous sommes dans le civil lorsque nous sommes dans cet hémicycle, que ce n'est pas sans émotion que je m'adresse à vous ce soir alors que j'ai servi dans cette maison, au banc des commissions, sous la houlette d'un ancien président de la commission de la défense ici présent, et au banc du Gouvernement, sous une précédente législature. C'est un grand honneur pour moi de présenter ce premier budget de la législature devant la représentation nationale.
Le débat budgétaire est un moment important de la vie parlementaire et démocratique. D'un côté, la représentation nationale prend la décision d'accorder à ses armées les moyens nécessaires à l'accomplissement des missions qu'elle leur a confiées. De l'autre, les députés interrogent le Gouvernement sur les tenants et aboutissants de sa politique de défense, au titre du contrôle parlementaire.
Vos questions ont été nombreuses, j'essaierai de répondre à toutes, dans la plus grande transparence possible. Comme je l'ai dit devant la commission de la défense, j'aspire à ce que les rapporteurs pour avis et les rapporteurs spéciaux jouent le rôle d'aiguillon dont chaque ministre a besoin pour faire évoluer le ministère dont il a la charge.
Ce budget, vous l'avez tous dit, est un budget de transition car il est le dernier de la loi de programmation militaire en cours. Et c'est pour moi l'occasion de rendre hommage à mon prédécesseur, Mme Alliot-Marie, qui, avec constance et abnégation, a su pendant cinq ans défendre les crédits de la défense et éviter qu'ils ne soient obérés au fil des exécutions budgétaires, ce qui est peut-être sans précédent dans l'histoire de la République. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Alors que l'outil de défense est à la veille d'une mutation majeure, le budget de la mission « Défense » contribue à la maîtrise des dépenses publiques tout en préservant l'efficacité de nos forces, ce qui n'empêche pas notre politique de défense de devoir s'inscrire davantage dans l'ensemble des politiques publiques. Tels seront les points principaux de mon intervention.
Notre outil de défense est confronté à des mutations majeures, vous l'avez tous souligné. Face à la multiplication des situations de crise et à l'augmentation constante des menaces et des risques pesant sur sa sécurité comme sur celle des États européens, la France a, depuis 2003, porté l'engagement de ses forces à un niveau élevé, tant sur le territoire national qu'à l'extérieur : plus de 33 000 hommes sont ainsi déployés en permanence hors de la métropole.
La participation des forces armées aux missions exercées dans le cadre de la posture permanente de sûreté – dissuasion, contrôle de l'espace aérien et surveillance des approches maritimes, Vigipirate – ainsi qu'aux missions de service public mobilisent constamment des effectifs et des moyens comparables à ceux d'une opération extérieure de grande ampleur.
Nos armées contribuent également à la stabilité et à la solidarité internationales, Francis Hillmeyer l'a évoqué. Depuis 2003, le nombre de militaires engagés en permanence pour les opérations extérieures s'élève à 12 000. Pour 2007, ce chiffre sera même supérieur puisque nous prévoyons une moyenne de 12 700 pour l'ensemble de l'année. Compte tenu des relèves, ce sont ainsi près de 60 000 hommes et femmes qui partent chaque année effectuer des missions de deux à six mois. C'est un effort considérable et je m'associe pleinement à l'hommage que M. Louis Giscard d'Estaing a rendu à l'action civilo-militaire de nos troupes en Côte d'Ivoire, sans oublier le Kosovo ou l'Afghanistan où, au-delà de la stabilisation, nous menons des opérations au profit des populations, qu'il s'agisse d'interventions du service de santé, de reconstructions ou d'installations d'équipements.