Mais peut-on accepter un arbitrage qui, en euros constants, se conclut par une baisse budgétaire de près de 250 millions ?
Je ne reprendrai pas les remarques qui ont pu être faites, en commission ou ici même, par mes collègues, pour concentrer mon propos sur quatre questions particulières. La première porte sur les personnels. Vous supprimez 13 000 postes et vous proposez d'exploiter un gisement d'économies dans les fonctions d'administration et de soutien. Outre que vous n'avez pas soumis cette option à discussion, en dehors des forces, ainsi sanctuarisées, ce sont tous les personnels de la défense qui travaillent soit dans l'administration, soit dans le soutien. Votre réponse n'en est donc pas vraiment une, puisque n'importe quel type de priorité peut être attaché à cette définition. Je veux vous mettre en garde contre cette logique, qui contribue à fragiliser encore plus le socle de notre défense. D'autres pays ont préservé le fer du javelot en raccourcissant son bois ; ils ont à présent beaucoup de mal à passer à l'opérationnel.
Ma deuxième remarque porte précisément sur l'opérationnel. Il est de notre devoir d'affirmer aujourd'hui que nous avons besoin d'une politique de défense digne de ce nom. La diffusion de la menace ne la fait disparaître qu'aux yeux de ceux qui continuent de regarder dans une seule direction. Cette période, où s'accumulent un discours simpliste sur l'utilité de la défense, un retard considérable dans les équipements, une absence de traduction matérielle des visions stratégiques et politiques que nous pourrions partager, un démantèlement de l'industrie de l'armement qui remet en cause notre autonomie, et un vide en matière de projets de coopération européenne, me rappelle de très mauvais moments de notre histoire.