La poursuite de cette réorganisation ne repose sur aucune logique d'ensemble, ni aucune preuve d'efficacité. Les tâches de secrétariat, par exemple, continueront trop souvent d'être assumées par des militaires, ce qui constitue, de mon point de vue, une très mauvaise répartition du travail.
Le personnel civil représente 18,6 % des emplois ministériels. Il devrait avoir droit à une perspective en matière de déroulement de carrière et de rémunération au sein de la fonction publique. C'est tout le contraire qui lui est proposé, avec l'individualisation des rémunérations, la casse du statut et la privatisation.
Par ailleurs, l'État actionnaire des entreprises de défense, à 100 % ou majoritairement, devrait avoir une influence sur leur stratégie et leur politique sociale. Aujourd'hui, les dirigeants s'occupent plus de la rentabilité financière que de la politique industrielle.
Pour Nexter, ex-GIAT Industries, des millions d'euros ont été perdus sur les marchés boursiers et des luttes intestines ont éclaté entre les dirigeants, conduisant l'entreprise à devenir le leader mondial de la suppression d'emplois. La direction entend même remettre en cause les accords sur la durée et l'organisation du temps de travail. De l'aveu même du PDG, les plans de restructuration ont conduit à la disparition de nombreuses compétences professionnelles.
La situation de l'entreprise DCNS est similaire : les carnets de commande se remplissent, mais il y a de moins en moins de travail dans les ateliers et le savoir-faire disparaît. DCNS ne fabrique plus, mais vend sa technicité et sa technologie, dans une logique d'externalisation totale de ses missions. Demain, DCNS n'aura plus de business plan, plus d'ouvriers, et plus d'ingénieurs. Elle n'aura que des actionnaires à rétribuer et sera une entreprise sans usine.