Dans un monde aussi incertain, aussi mouvant, malgré les efforts déployés pour le développement des théories qui nous sont chères sur l'État de droit, le respect des peuples à vivre libres et la recherche permanente de la paix, comment ne pas constater que les sources de conflits, voire d'affrontements, demeurent importantes ? Ne serait-il pas irresponsable de ne pas prendre en compte les risques émergents, les changements de postures stratégiques, émanant de pays qui, pour certains, se trouvent aux portes de l'Europe ?
Nous vivons dans un monde où se développe l'internationalisation des échanges. Serait-il responsable de notre part de l'ignorer ? Notre défense devrait-elle continuer à se construire à partir d'une vision du monde et des relations internationales datant de la fin de la guerre froide ? Comment ne pas intégrer à notre réflexion stratégique la nouvelle donne que constituent des dangers tels que le terrorisme – qu'il soit le fait de groupes isolés ou le fait d'États –, la piraterie, les prises d'otages, le développement de forces parallèles, voire mafieuses, la prolifération nucléaire et balistique, ou encore la mise en péril de nos approvisionnements énergétiques ?
Enfin, sans pour autant céder aux sirènes alarmistes, devrait-on faire fi des engagements internationaux et des alliances de la France ? Devrait-on omettre sa participation aux grands équilibres régionaux par le biais des OPEX ? Comme l'a souligné le ministre des affaires étrangères et européennes, ces engagements pourraient, un jour, nous conduire à impliquer nos forces aux côtés d'autres pays, afin de protéger nos ressortissants, nos intérêts majeurs ou encore participer à la résolution de graves conflits en agrégeant une partie de nos moyens à des forces multinationales. Il était plus que nécessaire d'engager cette réflexion. Il faut saluer le réalisme politique de ceux qui en sont à l'origine et qui l'ont mise en oeuvre, qu'il s'agisse du Président de la République, du Premier ministre ou de vous-même, monsieur le ministre.
Par ailleurs, je me devais de le saluer une initiative qui, pour la première fois, permet d'associer au comité d'experts habituellement constitué pour ce genre d'exercice et autrefois réuni en conclave hermétique,…