Enfin, une régulation européenne ne suffit pas. Je suis choqué par la situation des marchés agricoles dans le monde, choqué de voir des variations de cours de l'ordre de 30 à 40 %. Comment voulez-vous qu'un agriculteur, au Bénin, au Bangladesh, ou dans tout autre pays en voie de développement, puisse survivre s'il ne sait pas si sa récolte va lui rapporter 30 % ou 50 % de moins que le mois précédent ?
Je suis choqué, également, quand je vois que 10 millions d'hectares de terres agricoles ont été achetés par des pays étrangers aux pays en voie de développement en 2008, que 30 millions d'hectares l'ont été en 2009 – trois fois plus ! – et que l'on n'a toujours pris aucune initiative pour enrayer ce phénomène. C'est pourquoi j'ai proposé, avec mon homologue brésilien, de prendre une initiative sur la régulation mondiale des marchés agricoles. Nous avons proposé à la FAO un texte allant dans ce sens. Hier, à l'occasion de la Conférence ministérielle de l'OMC qui se tenait à Genève, nous avons défendu cette idée auprès d'un certain nombre d'États. Je peux vous dire qu'elle rencontre un écho croissant.
Voilà les trois directions dans lesquelles nous souhaitons travailler : le plan d'urgence pour la trésorerie des agriculteurs en 2009 ; la loi de modernisation au début de l'année prochaine, à l'élaboration de laquelle je vous invite vraiment à participer, car je crois que chacun retrouvera la même ambition en faveur de l'agriculture française ; et puis, je compte sur votre soutien pour la régulation européenne et mondiale des marchés agricoles. Je pense que c'est l'honneur de la France d'être à la tête de ce mouvement en faveur de la régulation de l'agriculture dans le monde. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)