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Intervention de Jean-Claude Sandrier

Réunion du 3 décembre 2009 à 15h00
Résolution sur la création d'un service public bancaire et financier — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Sandrier :

Je vous salue également, monsieur le ministre, et ce n'est pas vous faire injure que de vous dire que vous n'avez pas compétence en matière d'économie et de budget. Je vous fais néanmoins confiance : je suis sûr que vous rapporterez avec exactitude à vos collègues ce qui se dit cet après-midi à l'Assemblée nationale ! (Sourires.)

Avec cette demande de création d'un pôle public financier, nous sommes au coeur de questions essentielles : celle de la création de la monnaie, celle du crédit et celle de l'utilisation de l'argent. En fait, où va l'argent ? Est-il utile à la société ? Sert-il l'intérêt général ou bien des intérêts particuliers et privés ? Sert-il l'humanité ou une caste de privilégiés ? Tirer aujourd'hui véritablement les leçons de la crise de système que nous traversons impose de répondre très concrètement à ces questions.

Depuis un an, vous vous efforcez de répéter à nos concitoyens qu'après cette crise rien ne sera comme avant. Or, lorsque l'on demande à des personnes qualifiées du monde économique – et que l'on aurait du mal à taxer de cryptocommunisme –, que disent-elles aujourd'hui ? Je n'en citerai qu'une, sinon je serais trop long. Voici ce que dit Mme Dominique Senequier, polytechnicienne, présidente du directoire d'Axa Private Equity : « Rien ne permet de dire que les excès que nous avons connus ne ressurgiront pas. L'origine du problème vient de l'existence de profits très élevés que peuvent réaliser certaines activités des banques ». Elle ajoute : « On observe aujourd'hui un décalage qui peut être choquant entre la culture de Wall Street, l'appauvrissement des populations et un taux de chômage supérieur à 10 % aux États-Unis. »

Mme Senequier évoque les États-Unis, mais c'est exactement la même chose chez nous : on vient d'annoncer que près de 4 millions de personnes, ayant ou non une activité réduite, sont actuellement à la recherche d'un emploi. Et ce chiffre augmente, comme ceux de la fréquentation des Restos du coeur, du Secours populaire et du Secours catholique.

Les inégalités continuent de se creuser. Dans les quartiers populaires de nos villes, le tiers des habitants vit en dessous du seuil de pauvreté.

Pendant ce temps, les banques françaises – avec d'ailleurs plus ou moins de discrétion – annoncent des profits, des dividendes et des bonus en hausse constante, et ce à tel point que le quotidien Les Échos titrait récemment sur « l'insolente santé de la Bourse ».

En fait, tout repart comme avant. Et si l'explication de Mme Senequier n'est pas totalement satisfaisante, elle a au moins le mérite d'appuyer là où ça fait mal : « La spéculation est un instinct primitif de l'homme » ; cela me fait irrésistiblement penser à cette phrase de Jean Jaurès, si juste et actuelle : « L'humanité n'existe pas encore, ou elle existe à peine. »

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