Le délit d'offense au chef de l'État est une survivance du crime de lèse-majesté, qui porte en elle-même la raison de sa suppression. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il était tombé en désuétude sous la présidence de M. Giscard, de M. Mitterrand ou de M. Chirac. Ce n'est sans doute pas un hasard non plus s'il redevient d'actualité.
Pour mériter le respect qui rend ce délit caduc, le Président de la République doit agir en conséquence. Pardon de le répéter : il devrait être au-dessus de ce débat. Mais, dès lors qu'il traite un de nos concitoyens de « pauvre con », il s'expose à un retour de bâton.
Autre exemple : récemment le Président de la Républiqu, remettant la Légion d'honneur à l'acteur-réalisateur Dany Boon, tenait ces propos… étranges : « Vous êtes né fils d'un Kabyle marié à une catholique picarde, d'un boxeur devenu chauffeur routier. Ça commençait pas terrible, il faut bien reconnaître les choses. » Et encore : « Vous avez déjà choisi la fiction contre la réalité en préférant le nom de Dany Boon au très joli nom qui était le vrai, Daniel Hamidou. Bon, ça s'aggravait de plus en plus. Eh oui, Hamidou, va faire une carrière avec ça ! » On peut comprendre que nos concitoyens picards, kabyles d'origine, ou routiers, se sentent insultés par ces écarts de langage. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Il n'est pas digne qu'un Président de la République s'exprime en ces termes : il sape le respect de nos concitoyens à son égard. C'est regrettable et c'est pourquoi nous proposons cet amendement.