En ce qui me concerne, j'ai de plus en plus de mal, vu le « chamboulement » actuel, à appréhender le distinguo entre la donnée commerciale et la donnée culturelle. Que cela nous plaise ou non, de plus en plus de gens achètent des livres dans les grandes surfaces. Ils vont chez Carrefour chercher de la lessive et, en attendant aux caisses, ils se retrouvent devant des rayons entiers de livres, très bien présentés ; du coup, ils repartent parfois avec un exemplaire dans leur panier. Cette population ne franchira pas nécessairement le seuil d'une librairie ou d'une bibliothèque, mais elle est séduite par la présentation du livre en grande surface.
Les lignes bougent donc énormément, et, si je comprends que l'on ait encore besoin d'une frontière, dans la mesure où nos grandes institutions culturelles ne peuvent se transformer subitement en produits d'appel pour des sociétés commerciales, j'ai de plus en plus de mal à la situer. Pouvez-vous m'y aider ?
Par ailleurs, nous avons été amenés à prendre des mesures contre le pillage audiovisuel ; ne pensez-vous pas que l'écrit va être confronté au même phénomène ?