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Intervention de Grigol Vashadzé

Réunion du 25 novembre 2009 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Grigol Vashadzé, ministre des affaires étrangères de Géorgie :

Je commencerai par répondre à la question qui m'a été précédemment posée sur le déploiement des Russes en Géorgie. Les Russes occupent actuellement trois districts qui n'ont rien à voir avec les républiques autonomes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud : Akhalgori, Perevi, qui appartient à la Géorgie proprement dite, et la haute vallée de Kodori, ou haute Abkhazie. L'ensemble de la population déplacée – les Géorgiens comme les Ossètes – est désormais réfugié de notre côté de la ligne d'occupation, dans des villages construits par le gouvernement après la guerre. Les forces d'occupation sont composées à 100 % de troupes régulières russes, à quoi s'ajoutent plus d'un millier de gardes frontières du FSB – l'ancien KGB –, la marine russe qui mouille régulièrement à Soukhoumi et dans les ports d'Abkhazie et cinq bases militaires dont les Russes viennent d'achever la construction.

Pour ce qui est de la position des citoyens et des ONG géorgiens à propos l'Union européenne et du sentiment que l'Occident aurait abandonné la Géorgie, je n'entrerai pas dans les détails : je crois savoir ce que pense la majorité des Géorgiens – je peux certes me tromper, mais c'est la démocratie. Je crois, pour ma part, que l'Occident a fait le maximum pour arrêter l'agression russe. Je doute qu'on aurait pu faire plus pendant la guerre – mais on aurait certainement pu faire plus avant. Depuis mon retour au ministère des affaires étrangères en février 2008, 99 % de mon temps était consacré à tenter de persuader mes homologues et amis occidentaux que la guerre allait venir, mais personne n'a voulu entendre ou croire que la Russie voulait et pouvait se livrer à des opérations du type de celles de la Deuxième Guerre mondiale contre l'un de ses voisins.

Il se peut qu'une partie de la population géorgienne éprouve de la frustration – c'est la démocratie –, mais nous luttons contre ce sentiment et je crois que nous parvenons à convaincre la population que nos alliés ne nous ont pas abandonnés et sont venus à notre secours.

Quant à l'État de droit, nous y travaillons. Aucun membre du Parlement ou du gouvernement géorgien ne vous dira que nous sommes parvenus au but. Nous en sommes encore loin, mais je ne cherche pas à m'en justifier. Nous avons toutefois réalisé d'immenses progrès, compte tenu du fait que nous avons hérité de la société, du système judiciaire, du code pénal et du code de procédure pénale soviétiques, sans la moindre culture politique ni capacité de dialogue. Comme je vous l'ai dit, nous construisons une société démocratique et il nous faut encore réussir à survivre physiquement. Nous sommes, je le redis, comme une usine où la modernisation serait en cours, mais qui devrait dans le même temps continuer à produire.

Nos résultats ne sont aussi spectaculaires que nous le souhaiterions, mais nous avons réalisé une quantité incroyable de choses depuis 2003 – car le temps écoulé entre 1999 et 2003 a malheureusement été perdu. Comme celles de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, la société géorgienne a abordé l'indépendance avec beaucoup d'illusions. On peut le comprendre, car nous étions restés enfermés pendant 70 ans, sans informations, derrière des murs et des barbelés.

Nous savons ce que nous voulons et de quelle sorte d'assistance nous avons besoin de votre part en matière de législation et de système judiciaire. Nous savons aussi que la seule chose qui nous manque est le temps. Nous devons agir vite, et nous nous y employons. Je ne peux pas vous promettre que des résultats spectaculaires se produiront en un claquement de doigts, mais je puis vous promettre que nous nous y emploierons sincèrement.

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