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Intervention de Grigol Vashadzé

Réunion du 25 novembre 2009 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Grigol Vashadzé, ministre des affaires étrangères de Géorgie :

Monsieur le Président, pour ce qui concerne le Caucase, la politique étrangère de la Géorgie est très simple : nous voulons le moins de problèmes possible avec nos voisins ! La Géorgie et l'Azerbaïdjan sont liés par une alliance stratégique et coordonnent leurs politiques pour la fourniture d'énergie à l'Europe. L'Azerbaïdjan nous fournit tout notre gaz et nous sommes un pays de transit pour acheminer ce gaz vers l'Europe par la Turquie. Nous entendons pleinement jouer ce rôle, dont la guerre du gaz qui a opposé l'an dernier la Russie à l'Ukraine a montré l'importance et la nécessité.

Nos relations avec l'Arménie ne peuvent être aussi étroites, car ce pays a une alliance stratégique avec la Russie, mais elles n'ont jamais été aussi bonnes. Nous travaillons ensemble et coordonnons toutes nos démarches. Les trois pays du Sud-Caucase ont en effet compris que l'alternative était de parvenir ensemble à bon port ou de se noyer ensemble, comme en 1921. Au début des années 1990, lorsque notre démocratie était fragile et manquait encore de maturité, nous avons rencontré de sérieux problèmes et nous en connaissons encore, mais il est clair pour tous que ces trois pays et la région tout entière ne peuvent pas survivre sans des frontières ouvertes, sans développement, sans une coopération étroite et sans des politiques coordonnées.

Comment les choses se passeront-elles entre nous ? Lorsque je suis devenu ministre des affaires étrangères de Géorgie, j'ai tenu à ce que ma première visite soit pour l'Arménie et la deuxième pour l'Azerbaïdjan. En Arménie, j'ai déclaré que la Géorgie s'attachait à établir un partenariat stratégique avec ce pays, ce qui a fait sensation et causé une agréable surprise. Je suis très heureux de vous annoncer que mon collègue Édouard Nalbandian et moi-même travaillons dans cet esprit.

La Turquie, allié stratégique de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan, prévoit d'ouvrir sa frontière avec l'Arménie. Des frontières ouvertes, c'est davantage de développement, de stabilité et de sécurité, et nous soutenons donc ce processus de tout notre coeur. Plus vite la frontière entre la Turquie et l'Arménie s'ouvrira, mieux la région s'en trouvera.

Nous ne distinguons pas entre les citoyens géorgiens selon leur nationalité, monsieur Rochebloine. Le citoyen géorgien que vous évoquez – d'origine arménienne si vous y tenez – a été arrêté pour des charges très graves : il fournissait des renseignements à un pays tiers. Je n'ai pas le droit de vous dire quel est ce pays… mais je vous laisse deviner ! Notre législation ne permet malheureusement pas qu'un avocat étranger participe à un procès, mais il peut faire partie de l'équipe de la défense, en qualité de conseiller – M. Chakhalyan, qui porte l'affaire devant la Cour suprême, est d'ailleurs assisté par deux ou trois avocats d'origines différentes. Malgré la présentation que certains journaux de l'émigration arménienne aimeraient parfois faire de sa situation, il n'est pas jugé parce qu'il est arménien ou parce qu'il défendait des causes arméniennes, mais parce qu'il existe contre lui, je le répète, des charges concrètes. S'il avait été géorgien, il en serait au même point.

Pendant la guerre, les citoyens géorgiens appartenant à la population d'origine arménienne ont combattu les Russes comme tous leurs compatriotes, et certains des plus grands héros de cette guerre sont arméniens. Ils ont arrêté des chars russes en plusieurs endroits et nous sommes très fiers d'eux. Si vous vous intéressez aux problèmes de la population du Djavakhk, mes collègues arméniens sont eux aussi d'avis que la situation économique s'est notablement améliorée dans la région. Le problème auquel nous sommes confrontés consiste à intégrer le plus rapidement possible les citoyens géorgiens d'origine arménienne dans la vie politique et civile. Il y faut énormément d'efforts et d'argent, mais nous nous y employons. Nous avons besoin d'enseignants bilingues, car le principal problème est que personne au Djavakhk ne parle le géorgien. Cependant, c'est aujourd'hui la deuxième langue que les enfants choisissent le plus fréquemment d'apprendre.

La représentation arménienne a augmenté au sein des agences et de l'administration centrales – l'un de mes adjoints est d'ailleurs arménien –, et nous en sommes très fiers. Nous allons continuer dans cette direction.

Pour ce qui est de savoir si le Djavakhk est la région qui a le plus souffert durant l'agression, je dirai que nous avons tous souffert. Les parties du pays qui ont connu la pire situation sont celles qui sont directement adjacentes aux territoires occupés. Elles ont bien plus souffert que le Djavakhk, car les maisons y ont été brûlées, des villages entiers ont été détruits et tout a été pillé – banques, écoles, postes de police, ambulances, hôpitaux… Les occupants ont même démantelé intégralement trois brasseries pour les transporter en Russie. Notre économie a été incroyablement dévastée, mais nous sommes toujours là et nous nous maintiendrons.

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