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Intervention de Danièle Hoffman-Rispal

Réunion du 26 novembre 2009 à 9h30
Grand paris — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Hoffman-Rispal :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État chargé du développement de la région capitale, mes chers collègues, il y a quatre-vingts ans – presque jour pour jour – mourait Georges Clemenceau.

L'homme d'État, entré dans la mémoire collective pour son action nationale, a également marqué de son empreinte l'histoire de notre capitale. Ainsi, après la Commune, Clemenceau est élu conseiller municipal de Clignancourt et conquiert progressivement la présidence du Conseil de Paris.

Lors de son discours inaugural, il employa cette expression qui, sans être devenue la plus citée, mérite qu'on s'y attarde : « Paris aux Parisiens, pour le bien de la France et de la République », réclamant par là pour la capitale l'intégrité de ses droits municipaux.

Il demandait plus d'autonomie pour Paris et plus d'attention pour ses habitants, non dans une logique d'indépendance, mais pour servir l'ensemble du pays. À lire votre projet de loi, monsieur le secrétaire d'État, on se demande si vous n'avez pas décidé de prendre le pli inverse de celui prôné par Clemenceau !

En ce qui concerne le respect que vous accordez à l'intégrité des droits municipaux de Paris, il suffit de lire les réactions du maire, Bertrand Delanoë, qui craint la « schlague », pour comprendre que l'inquiétude est grande. La crainte n'est d'ailleurs pas circonscrite à Paris intra-muros: Jean-Paul Huchon parle, lui, d'« usine à gaz » limitée à quelques territoires reliés par un métro souterrain.

Vous aurez beau jeu de me répondre que ces réactions sont celles de membres du parti socialiste, mais les nombreuses voix qui se sont élevées à droite pour critiquer le manque de concertation autour de votre projet devraient vous en dissuader. Certains de nos collègues de la majorité ont en effet exprimé, depuis le début de ce débat, de fortes réserves en la matière.

Je crains donc que le rejet de ce projet ne soit indépendant de l'appartenance politique. Les architectes retenus lors de la consultation internationale se demandent où sont passées leurs recommandations pour plus de densité, puisque vos projets semblent oublier l'après-Kyoto en favorisant l'étalement urbain.

Je relève un autre contresens dans votre lecture de Paris et le désert français. Suite à l'action de la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale –DATAR –, vous considérez que des rééquilibrages ont vu le jour. Est-ce une raison suffisante pour renier aujourd'hui cette action ?

Clemenceau imaginait un gouvernement de Paris « pour le bien de la France » ; vous inventez un Grand Paris phagocytant les provinces de France, au mépris de la décentralisation et de l'équilibre précaire des pôles de compétitivité, comme en atteste la présence ici de nombreux élus de tous les territoires.

Enfin, alors que seul le schéma directeur de la région d'Île-de-France répond aux besoins immédiats de la région capitale, l'Élysée a refusé de le valider. En ces temps de mise au pas des collectivités et de bras de fer avec leurs élus, le tracé de votre « grand huit » n'est pas seul à nous poser problème.

Par conséquent, et pour un examen plus serein de la question, nous aurions été tout à fait favorables à la levée de l'urgence sur l'examen de ce texte ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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