Je rappelle qu'il y a quelques minutes, j'ai retiré un amendement qui avait le même objet que celui-ci, au bénéfice des explications de M. le secrétaire d'État. Je voudrais appeler l'attention de l'ensemble de nos collègues sur ce problème qui peut sembler compliqué.
Je suis de l'avis du Gouvernement sur le sous-amendement : il y a un problème technique. Concrètement, pour avoir participé au travail préalable à tout cela, si l'on souhaite mettre en oeuvre un projet d'urbanisme ambitieux correspondant à ce que les architectes du Grand Paris ont élaboré sur tel ou tel territoire – et que l'on peut, je crois, consulter encore pour quelques jours à la Cité de l'architecture –, avec naturellement quelques modifications, il faut pouvoir les faire travailler.
Les collectivités territoriales – départements, région, communes ou groupements de communes – qui vont contracter doivent donc pouvoir, le cas échéant, faire appel à ces architectes, dans le respect des règles de la concurrence. Si on intègre ces architectes à l'Atelier du Grand Paris, ce ne sera pas possible. J'entends, moi, cet argument qui est très fort : je souhaite que des architectes qui ont eu de bonnes idées sur tel ou tel territoire puissent les mettre en oeuvre.
En revanche, j'appelle l'attention de mes collègues : malgré toute l'estime que j'ai pour notre rapporteur, suivre son avis défavorable reviendrait à priver ce projet de la vision d'urbanisme, d'architecture – qu'elle soit celle de ces architectes-là ou d'autres architectes travaillant pour des collectivités locales. Or nous avons besoin de cette vision pour ne pas réduire ce projet, comme l'a dit M. le secrétaire d'État, à un projet d'ingénieurs.
Il faut pouvoir aller au-delà de la vision technique des ingénieurs spécialisés dans ces modes de transports, en particulier ceux de la RATP et de la SNCF – nous connaissons tous les ingénieurs qui réalisent ce type de projets. Si nous ne voulons pas nous en tenir à un projet d'ingénieurs, si nous voulons pouvoir peser sur le tracé, voire proposer des alternatives – je pense notamment aux remarques de mon collègue de Seine-Saint-Denis Gérard Gaudron –, alors il faut garder une vision d'urbanisme. Sinon, nous prenons le risque de nous entendre dire que le sillon est plus simple à tel endroit qu'à tel autre, que la terre est plus molle à tel endroit qu'à tel autre et qu'il y sera plus facile de creuser un tunnel.
Il faut au contraire, je crois, garder une vision d'urbanisme et examiner les conséquences des choix de ce point de vue. J'appelle donc l'attention de mes collègues de la majorité sur ce point : si nous votons l'amendement n° 343 du Gouvernement, cela veut dire en réalité que, dans cette affaire, seuls les ingénieurs auront leur mot à dire. Ce serait bien dommage !