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Intervention de Patrick Beaudouin

Réunion du 25 novembre 2009 à 21h30
Grand paris — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Beaudouin :

Ce projet de loi doit nous permettre de faire émerger une gouvernance efficace et de mettre à disposition des instruments juridiques nouveaux pour donner à la région capitale, frappée d'inertie, les moyens de tenir son rôle dans la compétition entre les grandes métropoles mondiales.

Je me réjouis de la prochaine naissance d'un grand projet de développement, piloté par une structure de mission originale, que j'appelais de mes voeux depuis le lancement du débat sur le Grand Paris par le Président de la République. Cette idée d'une entité dynamique, chargée d'engager des projets, malgré l'inertie des décideurs territoriaux actuels, avait d'ailleurs présidé, voici près de dix ans, dans le même esprit, naturellement plus modeste, à la création de l'Association des collectivités territoriales de l'Est parisien, l'ACTEP, pour rééquilibrer la région francilienne au profit de l'Est parisien, et notamment du territoire situé entre le périphérique et Marne-la-Vallée, trop souvent négligé, voire oublié.

L'intérêt du métro en rocade pour donner une nouvelle dimension aux pôles de compétitivité franciliens est incontestable. Il devra cependant desservir, non seulement les grands pôles de développement économique, mais aussi les territoires. Cela passe, notamment, par un renforcement des pôles multimodaux reliant le « grand huit » aux lignes radiales existantes. La double boucle donnerait ainsi tout leur sens aux prolongements de lignes prévus par le contrat de projet État-région.

Je pense, en particulier, à la nécessité de relier – je vous en ai souvent parlé, monsieur le ministre – la gare du Val de Fontenay à celle de Champigny, point de passage envisagé de la double boucle. Nous proposons de prolonger la ligne 1 du métro, ce qui est déjà prévu jusqu'au Val de Fontenay par les études inscrites au contrat de projet État-Région. C'est l'une des pistes avancées par l'association Orbival, qui défend, de longue date, la création d'un métro en rocade afin d'améliorer la desserte du territoire val-de-marnais. Une telle solution pourrait être une alternative acceptable si Val de Fontenay n'était pas situé sur le tracé du « grand huit ».

Le Val de Fontenay constitue, en effet, un enjeu majeur pour le rééquilibrage de la région au profit de l'Est parisien. Bien desservi par le réseau autoroutier – A4, A86 –, sa gare est l'une des plus fréquentées d'Île-de-France, et le raccordement au métro automatique que nous demandons permettra à ce territoire de développer tout son potentiel.

Ainsi, entre Fontenay-sous-Bois et les communes environnantes, une étude est en cours. Ce secteur recèle des possibilités de développement urbanistique considérables, tant en termes d'activités tertiaires que d'équipements publics et de logement – bien que, en matière de logements, nous soyons déjà bien lotis. Une étude récente démontre qu'une surface de plus de 500 000 mètres carrés pourrait être mobilisée.

Le prolongement de la ligne 1 est d'autant plus pertinent qu'il permettrait de relier Val de Fontenay à la Cité Descartes. Celle-ci, répartie sur les territoires de Marne-la-Vallée, Champs-sur-Marne et Noisy-le-Grand, va devenir un véritable cluster économique, modèle, qui plus est, en matière de développement durable.

Son université, ses cinq écoles, ses deux organismes de recherche, ses vingt-sept laboratoires – soit, au total, 1 700 chercheurs et ingénieurs spécialisés dans le développement durable – en font déjà un site de référence. Avec l'université Paris XII Val-de-Marne, avec laquelle elle forme le pôle de recherche et d'enseignement supérieur « Université Paris-Est », elle a fortement profité de l'opération Campus.

L'arrivée du métro automatique, les nombreux projets de développement, comme le pôle scientifique et technique de l'écologie, vont encore renforcer son attractivité et lui donneront une dimension nouvelle, la rendant capable de rivaliser avec les plus grandes institutions mondiales. La proximité du futur lycée international de l'Est parisien, projet imaginé par les élus de l'ACTEP, et enfin engagé par la région, sera un atout supplémentaire.

Allons plus loin. Je crois qu'il faudra profiter de cette dynamique pour faire le lien entre ce pôle, encore en devenir, et les institutions déjà établies à l'est du périphérique, afin que ces dernières, dont la localisation est souvent méconnue du grand public, puissent être rassemblées au sein d'un réseau cohérent et, ainsi, être mieux identifiées, développées, fréquentées.

Les institutions constitutives de ce que l'on pourrait appeler un « axe bioculturel », placé sous le signe du développement durable, pourraient être regroupées autour de trois grands thèmes. « L'histoire et la culture » tout d'abord, avec le château de Vincennes et le service historique de la Défense, la cité de l'immigration, le musée de la Résistance nationale. Ensuite « la nature et le corps », avec le muséum d'histoire naturelle, le zoo et l'hippodrome de Vincennes, l'école vétérinaire de Maisons-Alfort, l'INSEP, la Marne. Enfin « l'image et les sciences », avec l'Institut géographique national, Météo France – prochainement installée à Saint-Mandé –, le SHOM, l'INA, la SFP.

Ainsi regroupées, ces institutions seraient amenées à travailler ensemble. Ce couloir bioculturel donnerait naissance à des synergies intellectuelles, culturelles, scientifiques et deviendrait, par là même, un ensemble d'institutions complémentaires et compétitives, tournées vers l'innovation, la créativité et le « plus culturel » qui donnerait enfin une identité forte, et insufflerait un dynamisme nouveau à l'est parisien.

Enfin, l'ACTEP étudie une autre proposition : la transformation – assez originale, il faut bien l'avouer – d'infrastructures autoroutières en avenues métropolitaines, combinant régulation de la vitesse et voie dédiée à un transport en commun en site propre. Un tel projet permettrait non seulement de réduire la pollution atmosphérique et sonore, mais aussi de reconquérir les rives des autoroutes. Une telle solution pourrait notamment être envisagée pour l'autoroute A4. L'ACTEP a lancé des études à ce sujet.

Ce texte, monsieur le secrétaire d'État, permet donc l'émergence de grands projets structurants. Pour qu'il soit un réel succès, il faudra savoir articuler le global avec le local. L'émergence de pôles de dimension mondiale devra être combinée à un aménagement au plus près des territoires et des populations.

Il faudra, pour y parvenir et donner toute sa force à la Société du Grand Paris – M. le rapporteur y a travaillé –, octroyer une large place aux populations, à la faveur du débat public conduit par la commission nationale. Il convient naturellement d'y associer le club des architectes et les élus locaux dans le cadre des contrats de développement territoriaux. Ils sont en effet les mieux à même de faire le lien entre le quotidien et l'avenir.

Je crois en ce projet ; je le voterai avec confiance. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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