Votre Grand Paris n'est naturellement pas le nôtre, chers collègues.
S'agissant du financement, Christophe Caresche, et Gilles Carrez avant lui, ont évoqué les problèmes posés.
Une seule chose me séduit dans les hypothèses de votre projet, monsieur le secrétaire d'État, mais il faudrait que vous l'assumiez pleinement et la fassiez comprendre à vos collègues du Gouvernement : c'est la question migratoire. Vous vous donnez par exemple pour objectif de faire passer de 25 000 à 60 000 par an le nombre des créations d'emplois dans la région, alors qu'un tiers des actifs de l'Île-de-France va partir à la retraite dans les dix ans et qu'en 2030 les trois quarts des habitants supplémentaires de cette région auront plus de soixante ans. D'où viendront les personnes qui occuperont ces 60 000 emplois annuels ? Faudra-t-il vider la région Provence-Alpes-Côte d'Azur de tous ses actifs pour combler les besoins de développement du Grand Paris ? Ou faut-il plutôt envisager un apport migratoire ? Si, sans doute seul contre tous dans votre gouvernement, vous affirmez qu'il faut ouvrir largement notre pays à une immigration diverse, de toute nature – de cols blancs aux cols bleus, des ouvriers aux cadres supérieurs –, alors je serai prête à vous soutenir. Mais je doute que vous assumiez cette position et l'expliquiez à votre majorité et à vos collègues du Gouvernement.
Le consensus est précieux et rare. Il n'est, à notre sens, pas trop tard pour que vous quittiez votre posture de démiurge. Il est rarement bon de se prendre pour Dieu. Valéry disait : « Dieu a tout fait de rien, mais le rien perce ». (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)