Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je partage l'essentiel du contenu des interventions de mes collègues des groupes SRC et GDR. Chacun comprendra donc que je concentre mon propos sur la fin du projet de loi – c'est-à-dire les neufs articles consacrés à la création d'un pôle scientifique et technologique sur le plateau de Saclay, pôle pour lequel je me suis beaucoup investi depuis des années – et que j'évoque ici les doutes, les inquiétudes, voire les fortes oppositions que suscite votre projet.
Tout d'abord, il faut rappeler que le pôle scientifique du plateau de Saclay existe déjà. Plus de 25 000 chercheurs, et autant d'étudiants travaillent chaque jour sur ce territoire au sein d'établissements reconnus nationalement, et pour certains mondialement. De grandes entreprises ont déjà installé, depuis de nombreuses années, des centres de recherche pour profiter des synergies potentielles avec les centres universitaires et de recherche.
Le plateau constitue le coeur de trois pôles de compétitivité dont l'un, le pôle Systematic, est l'un des cinq pôles à l'échelle mondiale.
Aujourd'hui, il existe une fondation scientifique territorialisée, la seule en France, regroupant deux réseaux thématiques de recherche avancés, l'un sur l'informatique du futur et l'autre sur la physique. Enfin, les médailles Fields les plus récentes sont l'honneur de l'université d'Orsay Paris-Sud, tout comme le prix Nobel de Physique, Albert Fert, dont les travaux se sont déroulés dans le cadre d'une coopération entre le CNRS, la faculté d'Orsay et Thales.
À la périphérie de Saclay se trouvent l'aéroport d'Orly, un noeud de transports important – le pôle de Massy –, plusieurs zones industrielles de grande envergure, comme celles de Courtaboeuf ou de Vélizy, et surtout un potentiel foncier dont je parlerai plus tard. Bref, le Pôle de Saclay existe et on peut s'interroger sur les raisons qui vous obligent aujourd'hui à proposer un projet de loi pour qu'il se développe.
Dans un rapport remis en 2004 au Premier ministre, monsieur le secrétaire d'État, vous aviez pris le plateau de Saclay comme exemple d'un pôle à échelle européenne qui ne créait pas le nombre d'entreprises nécessaire – pas plus d'une dizaine par an –, alors que des pôles équivalents dans le monde en créaient plus d'une centaine. Vous n'aviez pas tort et, si l'on s'arrêtait à ce seul paramètre, on pourrait considérer que, cinq ans après, les choses ont peu évolué. Vous souligniez, encore à juste titre, qu'il manquait un outil fédérateur puissant pour que le plateau de Saclay prenne enfin son envol. Notre constat d'accord en restera là.
J'avais déjà regretté, à l'époque, que vous ne rencontriez pas davantage les élus pour qu'ils vous parlent des vraies raisons des blocages et qu'ils évoquent avec vous les solutions pour faire de Saclay, non pas le pôle qui va déshabiller la région parisienne ou la province de leurs fleurons de la recherche et de l'innovation, mais un véritable campus scientifique tirant profit de l'existant, se dotant d'un projet dans des filières d'excellence, associant l'ensemble des acteurs locaux, régionaux et nationaux.
Vous pensez répondre aujourd'hui aux problèmes du plateau de Saclay en créant un établissement public doté de pouvoirs exorbitants, géré par un président-directeur général – c'est une première – nommé par décret et dont les liens n'existent même pas avec son propre conseil d'administration, Pour l'instant, les élus y siègent et font de la figuration. Ce PDG, qui ne sera même pas concerné par la limite d'âge actuellement pratiquée dans les EPAD – M. Devedjian en sait quelque chose –, à savoir soixante-cinq ans,…