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Intervention de Christophe Caresche

Réunion du 25 novembre 2009 à 21h30
Grand paris — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Caresche :

Ce qui me frappe dans ce débat engagé depuis hier, c'est d'abord une adhésion assez générale à l'idée qu'il faut une nouvelle ambition pour la région Île-de-France, et que l'État a un rôle majeur à jouer – rôle qu'il n'a d'ailleurs peut-être pas assez joué ces dernières années, d'où certaines des difficultés de cette région ; mais c'est aussi que cette adhésion s'accompagne de beaucoup d'interrogations, pour ne pas dire de scepticisme, devant le projet qui nous est présenté. Si notre débat a une utilité, au-delà de la litanie des interventions que certains ont évoquée, ce sera peut-être de nous permettre de répondre à certaines de ces interrogations.

Tout d'abord, l'idée que l'État puisse jouer son rôle dans cette région ne fait pas débat entre nous, ou seulement à la marge. C'est la région capitale : le développement de l'Île-de-France contribue à l'ensemble de la richesse nationale. Sur ce plan, le fait que le Président de la République ait décidé de s'investir et d'engager l'État dans cette région va dans le bon sens.

Il est cependant vrai que les modalités du projet qui nous est présenté, sa pertinence, sa faisabilité posent un certain nombre de questions. Je voudrais en évoquer trois, qui me semblent au coeur de notre débat.

La première interrogation porte sur le parti pris d'aménagement. Sans revenir sur tout ce qui a déjà été dit, il est vrai que le projet présenté relève, pour reprendre d'ailleurs un terme employé par notre rapporteur, d'une forme de pari, selon lequel la réalisation d'un réseau de transport permettrait en quelque sorte de refaire la ville, d'y localiser activités, logements, centres de recherche, etc.

Vous-même, monsieur Albarello, soulignez qu'il n'existe aucun exemple au monde d'une réalisation de ce type, et vous écrivez dans votre rapport : « Bien entendu, le caractère très innovant de cette approche de l'aménagement du territoire ne préjuge ni de sa réussite ni de son échec, les modalités de mise en oeuvre d'un tel projet étant sans doute plus essentielles encore que son point de départ. »

Reconnaissez que cette phrase n'est pas de nature à nous rassurer. En tout cas, elle ne nous conforte pas. C'est un projet – vous le dites vous-même – dont il n'est pas totalement sûr qu'il soit pertinent. Alors même qu'il demandera un engagement financier considérable, il n'est peut-être même pas totalement adapté ; c'est ce que je crois comprendre en vous lisant, monsieur le rapporteur.

Il y a donc des interrogations très fortes sur ce parti pris. Elles ont d'ailleurs été formulées par les architectes et les urbanistes, et ici même par M. Carrez, qui dit clairement que, certes, la réalisation d'un nouveau réseau de transport est peut-être une priorité, mais que la priorité des priorités, c'est de faire en sorte que le réseau actuel soit modernisé et qu'il soit maillé. C'est notamment ce qui est proposé avec le plan de mobilisation.

Après les commentaires que l'on a entendus depuis le début de l'examen de ce texte par notre assemblée, il faut, monsieur le secrétaire d'État, que vous nous convainquiez de la pertinence de ce projet en matière d'aménagement. Pour le moment, nous sommes très loin d'en être convaincus.

La deuxième source d'interrogations, c'est évidemment le financement de ce projet. Là aussi, je me réfère au travail conduit par M. Carrez, et qu'il a défendu ici même. Il a présenté, de manière extrêmement sérieuse et rigoureuse, des hypothèses de financement, et ce en essayant de maîtriser le plus possible le recours à l'emprunt, de faire évoluer un certain nombre de recettes, et d'adosser ces projets sur des recettes nouvelles.

En commission, vous nous avez dit, monsieur le secrétaire d'État, que ce n'était pas du tout votre intention, et que, dans votre esprit, il y avait une totale dissociation entre, d'une part, le financement du réseau de transports actuel et de ses compléments – je pense au plan de mobilisation – et d'autre part, le financement du réseau nouveau que vous nous proposez. Vous nous avez clairement dit que celui-ci serait financé en totalité par l'État, et ce en recourant, pratiquement en totalité, à l'emprunt.

Il y a, là aussi, une source d'interrogations fortes. Car l'État s'apprête, si j'ai bien compris, à lancer un grand emprunt, autour de 35 milliards – peut-être un peu plus, on verra.

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