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Intervention de Daniel Goldberg

Réunion du 25 novembre 2009 à 21h30
Grand paris — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Goldberg :

Vous avez ainsi largement communiqué à la presse votre tracé de métro, alors qu'il n'en a été nullement question à l'Assemblée nationale. Et lorsque le Premier ministre charge notre collègue Gilles Carrez – celui-ci l'a rappelé tout à l'heure – d'une mission rassemblant des parlementaires de la majorité et de l'opposition et que ceux-ci parviennent ensemble à une hypothèse de concordance des dispositifs, vous agissez comme si ces conclusions n'avaient jamais existé, alors que nous avions abouti ensemble à un résultat assez consensuel. De la même façon, vous n'avez pas tenu compte des travaux des dix équipes d'architectes et d'urbanistes.

Et, pour humilier un peu plus le Parlement, vous lancez avant-hier, à la veille même de l'examen, ici, de votre projet de loi, à grand renfort d'encarts publicitaires, une consultation des Franciliens qui laisse entendre que notre discussion parlementaire n'est que théâtre et que tout est déjà joué.

Je ne dirai rien de nos collègues sénateurs qui n'auront même pas eu l'honneur d'un débat préalable en commission… Pour plaisanter, j'en appellerai presque à M. Copé pour qu'il revoie son appellation : c'est à un « hypo-Parlement » que le Gouvernement impose, comme l'a découvert hier le président de notre assemblée, une seule lecture de ce texte.

Le Grand Paris : aujourd'hui, personne ne sait ce que c'est, si ce n'est un outil de communication gouvernemental à la veille des élections régionales, qui se double de la première étape d'une recentralisation autoritaire de tous les pouvoirs locaux, au seul profit de l'État !

Car ce métro automatique en forme de « grand huit » – je vous prie d'excuser ce mauvais jeu de mots, monsieur le secrétaire d'État –, c'est un peu la foire et le trône : la foire d'empoigne à qui aura sa gare après vous avoir rencontré et le trône d'un État recentralisateur à outrance, prêt à tout pour évacuer des leviers de décision les élus, vus essentiellement comme des empêcheurs d'aménager rapidement !

Vous refusez ainsi tout pouvoir d'aménagement à la région ; vous refusez même que l'on puisse, dans votre texte, citer le terme « SDRIF » – le schéma directeur de la région Île-de-France –, quel que soit son contenu et quelle que soit la majorité à la tête de la région. C'est une preuve que le Président de la République et votre majorité n'accordent que peu de chances de victoire à Valérie Pécresse aux prochaines élections régionales. De ce côté, vous ne serez pas déçus : les Franciliens suivront vos recommandations !

Monsieur le secrétaire d'État, je vous propose d'écouter ce que nous avons à vous dire ici et d'en tenir compte, de ce que diront, bien sûr, les parlementaires socialistes et de gauche, mais aussi certains membres de la majorité avec lesquels, je crois, nous partageons des préoccupations.

Écoutez les élus locaux. Écoutez Ile-de-France Environnement ou la Fédération des usagers des transports. Écoutez les architectes et les urbanistes, Paul Chémetov, Jean Nouvel, Daniel Béhar ou Roland Castro, qui ne sont pas tous – et sûrement aucun d'entre eux – adhérents du parti socialiste, je vous l'assure !

Chers collègues – et je m'adresse aux quelques députés de la majorité qui sont présents, ce dont je les remercie – pensant faire appel à votre sensibilité la plus naturelle, je vous ai proposé, hier, d'écouter en séance les déclarations du MEDEF, lesquelles ont ému certains d'entre vous. Mais, ne reculant devant aucun sacrifice pour vous convaincre, je vous rappellerai aujourd'hui ce que disait Nicolas Sarkozy, lui-même, de l'ambition que devait porter le projet du Grand Paris : « Entre la main invisible du marché qui indexe tout le développement de l'agglomération sur le niveau de la rente foncière et la planification rigide qui a détruit tant de villes, il faut trouver l'équilibre. » Eh bien, c'est justement cet équilibre que vous ne trouvez pas en maniant d'une même main et dans un même mouvement le recours au marché et à la planification rigide ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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