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Intervention de Yanick Paternotte

Réunion du 25 novembre 2009 à 15h00
Grand paris — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYanick Paternotte :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État chargé du développement de la région capitale, monsieur le président Christian Jacob, messieurs les rapporteurs, Yves Albarello et Jacques Alain Bénisti, mes chers collègues, dans une démocratie moderne, l'exécutif et le législatif doivent partager une même ambition au service de leur pays ; partager une volonté commune d'imaginer des projets d'avenir pour la société : partager l'objectif d'être en phase avec leur temps et le mode de vie de leurs concitoyens.

Le projet du Grand Paris répond à ces critères. Il s'agit d'imaginer la région capitale de demain, au service de la France des territoires. Il s'agit de construire l'attractivité de la France et de l'Île-de-France au profit des Français et des Franciliens. Il s'agit de favoriser l'émergence des richesses de demain sans lesquelles aucune solidarité ne pourra exister.

Dans chaque pays majeur, dans chaque continent, les villes-mondes aimantent l'économie, la culture et la recherche. Toutes les grandes civilisations ont vu émerger une capitale-repère : Thèbes puis Karnak, Athènes, Alexandrie, Rome, Jérusalem, Constantinople ont tour à tour éclairé leur époque et permis l'éclosion des technologies et des arts.

Le monde d'aujourd'hui, et plus encore celui de demain, est celui d'une planète-village forcément plus solidaire face au risque climatique, mondialisée par les échanges grâce aux progrès des transports – aériens, maritimes et terrestres – et les technologies numériques de la connaissance.

Construire le Grand Paris suppose un projet de vie soutenable, une vision architecturale ambitieuse et durable, l'émergence de clusters de Recherche et Développement de niveaux mondiaux, une armature de transports robuste et un mode de gouvernance efficace.

Le texte que nous examinons n'est qu'une étape fonctionnelle et je comprends que les architectes qui ont planché sur le projet de vie et la vision architecturale du futur soient en attente. Nous le sommes également. Mais, n'insultons pas l'avenir !

Depuis la fin des Trente Glorieuses, le mal français en termes d'aménagement du territoire, c'est le retard des infrastructures. C'est le mal dont souffrent – au quotidien – les habitants de nos territoires, surtout en grande couronne.

Au milieu des années soixante-dix, le film Elle court, elle court la banlieue ! illustrait à merveille la vie quotidienne des banlieusards parisiens. Aujourd'hui, s'il est passionnant d'imaginer notre futur, il convient d'améliorer le quotidien immédiat de nos concitoyens. L'offre de transport en commun quantitative et qualitative est médiocre en grande couronne. Les liaisons de banlieue à banlieue sont à inventer.

En Val d'Oise, aucune voie ferrée ne relie, par exemple, Roissy, capitale économique, porte d'entrée de l'Europe, à Cergy, capitale universitaire, par la vallée de Montmorency, malgré des études de faisabilité qui remontent à 1991 et un projet validé.

Le taux d'emploi par habitant – c'est-à-dire la proportion d'emplois offerts par actif résident – ne dépassant pas 0,75 dans le Val d'Oise, nous sommes condamnés à des migrations alternantes en voiture sur des infrastructures radiales, A15 et A115, non reliées à Paris et sur des rocades insuffisantes, comme l'A86, ou inexistantes – cas de la Francilienne entre l'A13 et l'A15.

J'en appelle à la solidarité et à l'intelligence pratique. Monsieur le secrétaire d'État, votre texte traite d'un nouveau réseau de métro automatique en « double boucle » – j'ai bien retenu l'expression – qui, en l'état, n'irrigue malheureusement pas le Val d'Oise, sauf au départ de Roissy-en-France, dans ma circonscription. Or, dans le Val-d'Oise, un réseau complémentaire est indispensable. Ce réseau complémentaire de tramway devrait par exemple se situer sur l'emprise routière du boulevard urbain du Parisis et relier Roissy à La Défense en traversant Gonesse, Sannois et Argenteuil. Sur la double boucle, le choix d'implantation des gares sera déterminant pour la cohérence des interfaces entre les différents modes : métro, TGV, voiture, bus et tramway.

Enfin, de vieux projets doivent être refondus et discutés à nouveau à l'aune de ce texte de loi. Je songe à CDG Express, coûteux projet de partenariat entre public et privé que le métro automatique prévu par le projet du Grand Paris rendra à terme obsolète. Une liaison peu coûteuse au départ de la Gare du Nord et empruntant les sillons actuels du TGV jusqu'à la gare RERTGV de Roissy-Charles de Gaulle est réalisable immédiatement et à peu de frais. Je propose de la créer depuis cinq ans, en vain.

Je songe également à Creil-Roissy, projet choquant lancé contre l'avis unanime des élus du Val d'Oise, au mépris de l'environnement, des populations et de l'argent public, si rare.

Je songe en outre au barreau de Gonesse, tant attendu, qui doit être prolongé au-delà du Parc des Expositions de Villepinte jusqu'à la gare RER-TGV de Roissy, moyennant un débranchement nord et sud de la ligne D du RER.

Sans parler du monopole exorbitant des taxis parisiens sur le site aéroportuaire de Roissy-Charles de Gaulle, qui empêche les artisans taxis riverains de Seine-et-Marne et du Val d'Oise de travailler dans des conditions équitables.

Hors sujet, me direz-vous peut-être. Je ne le crois pas : même s'il marque un retour de l'État stratège et régulateur, ce projet ne peut se développer sans les maires, moins encore contre leurs prérogatives. Monsieur le secrétaire d'État, ce texte doit parvenir à un équilibre entre ambition collective et vision locale. Ce nécessaire compromis donne son sens au contrat de développement territorial prévu au titre IV.

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