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Intervention de Annick Lepetit

Réunion du 24 novembre 2009 à 21h30
Grand paris — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnick Lepetit :

Même si l'activité des individus vous importe plus que la manière dont ils vivent une fois sortis du travail, vous ne pouvez ignorer cette situation et ses conséquences sur la vie de millions de personnes. Fût-ce d'un point de vue strictement économique, nous savons tous que la mobilité dans l'emploi est aujourd'hui fortement entravée par les difficultés à se loger que rencontrent les candidats à l'embauche.

La lutte contre la fragmentation sociale de la métropole et l'aide au désenclavement des quartiers est tout aussi absente de votre vision, monsieur le secrétaire d'État. Au contraire, même, vous fondez votre projet sur l'idée que seules certaines zones mériteraient d'être activement soutenues pour développer leur potentiel économique. Rien n'est dit sur les conséquences de la concentration des richesses dans certains lieux. Qu'en sera-t-il de la solidarité financière entre les territoires ?

Autre manque flagrant, qui fait que votre texte semble sur certains points un peu daté – vous me pardonnerez cette expression, monsieur le secrétaire d'État – : le développement durable. Certes, la notion est évoquée dans les discours et le travail actif que nous avons mené en commission a permis de faire quelques ajouts en ce sens, et j'en profite pour remercier notre rapporteur, Yves Albarello.

Mais concrètement, qu'en sera-t-il ? En faisant traverser par votre métro des zones peu denses, vous allez inévitablement provoquer un étalement urbain, qui constitue la négation de tous les processus encouragés par le Grenelle de l'environnement. À l'heure où la ville dense est perçue comme l'une des seules manières de réduire durablement et efficacement notre consommation d'énergie, vous mettez tout en place pour que l'on commette les mêmes erreurs qu'au XXe siècle. On a bien dû mal à faire ressortir de votre projet de loi une véritable vision urbaine, géographique, économique, sociale et finalement humaine de ce que devrait être, selon vous, la région de demain.

La grande ambition de construire une nouvelle métropole est devenue un nouveau métro. Vous me répondrez sans doute, comme vous l'avez fait au cours des réunions de la commission, monsieur le secrétaire d'État, que nous n'en sommes qu'à l'acte I du Grand Paris et que nos interrogations trouveront réponse dans de prochains textes de loi. Mais en attendant d'éventuels actes II, III ou IV, dont on ne sait ni quand, ni par qui ils seront présentés devant notre assemblée, nous n'avons que ce texte et, malheureusement, il est décevant, eu égard à la faible ambition qui l'anime, et inquiétant, compte tenu des présupposés sur lesquels il est bâti.

L'une des grandes promesses de ce projet est d'entraîner la création d'un million d'emplois en Île-de-France au cours des quinze prochaines années en suscitant une croissance économique double de la moyenne nationale. Au-delà de la faible ambition globale du texte, je m'inquiète de la crédibilité de cet objectif.

Bien sûr, la création d'emplois constitue une priorité et je soutiendrai toutes les mesures susceptibles d'avoir un impact positif sur cette dynamique. Mais force est de constater que votre objectif, monsieur le secrétaire d'État, est en complète contradiction avec toutes les études économiques et démographiques connues, y compris celles fournies par l'INSEE.

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