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Intervention de Christian Blanc

Réunion du 24 novembre 2009 à 21h30
Grand paris — Ouverture de la discussion

Christian Blanc, secrétaire d'état chargé du développement de la région capitale :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, permettez-moi de remercier les présidents des commissions du développement durable, des affaires économiques et des lois, MM. Jacob, Ollier et Warsmann, ainsi que les rapporteurs, MM. Albarello et Bénisti. Je voudrais tout particulièrement remercier Yves Albarello, rapporteur au fond, pour son engagement dans l'amélioration du texte.

Je voudrais également remercier les députés membres des différentes commissions, qui, quelle que soit leur appartenance, ont participé de façon constructive à l'élaboration de ce projet important pour le pays.

Siècle après siècle, Paris a conquis puis conservé une place d'exception dans le monde. La seule question que nous devons aujourd'hui nous poser est : voulons-nous que cela soit encore le cas demain ? Voulons-nous que Paris soit encore, comme l'écrivait Michelet, « le grand carrefour des routes des nations » et « le congrès permanent des âges et des peuples » ?

Voulons-nous attirer les talents et les inventeurs de demain et continuer à écrire notre histoire ? Voulons-nous que Paris soit une capitale mondiale de l'art de vivre ? Voulons-nous que Paris compte encore sur l'échiquier politique et économique mondial, mais aussi parmi les acteurs décisifs du monde scientifique, artistique, intellectuel ? Voulons-nous que le Grand Paris soit une « ville-monde » du XXIe siècle ?

Quand nous parlons du Grand Paris, nous entendons la France. Quand le Président de la République, Nicolas Sarkozy, décide de créer le Grand Paris, d'en libérer les potentiels, il s'agit d'un choix stratégique pour toute la nation.

Le Grand Paris, c'est le rayonnement de la France vers le monde, c'est une source d'attractivité pour le monde. Le Grand Paris, c'est une ville-monde pour la France.

Cette idée de ville-monde, l'historien Fernand Braudel nous l'a léguée. Que sont ces villes ?

Ce sont, à toutes les époques, les phares de l'innovation et de la création. Ce sont les puissances économiques, financières, décisionnelles, mais aussi scientifiques, technologiques et culturelles de leur époque.

Les villes-monde, ce sont les centres névralgiques mondiaux et les carrefours de voyageurs, d'idées nouvelles et d'excellences de tous ordres.

Les villes-monde, comme à la transition du Moyen-Âge vers la Renaissance, décrite par Braudel, ce sont les moteurs toujours en mouvement de la croissance.

Hier, les cités de la Hanse, Venise ou Anvers ; aujourd'hui Londres, New York, Tokyo et Paris. Et toujours, entre ces villes, règne une concurrence incessante, qui oblige à rivaliser d'excellence pour continuer à compter. Aujourd'hui, déjà, Shanghai et Bombay nous talonnent.

Hier, les villes des foires de Champagne, vers lesquelles convergeaient les étoffes du Nord et les épices d'Italie, donnaient déjà à Paris le statut d'une ville-monde, en dotant ce coeur de la France d'un incomparable rayonnement politique, économique, mais aussi intellectuel avec la Sorbonne, et artistique et spirituel, avec les cathédrales gothiques, qui témoignent encore de ce moment d'exception.

Aujourd'hui, les mécanismes sont les mêmes, à l'échelle plus vaste du monde globalisé : les villes-monde, en réseau avec d'autres villes-métropoles, forment des économies-monde.

Au-delà de ses portes que sont, aujourd'hui, ses gares TGV, ses aéroports internationaux et sa façade maritime du Havre et de Rouen, le Grand Paris ouvre sur Chartres, Le Mans, Orléans, Amiens et Reims, et au-delà encore sur toutes les grandes métropoles du territoire français, qui, par la mise en valeur de leurs complémentarités, constitueront une économie-monde. Car une ville-monde n'est jamais seule : elle fonctionne en synergie avec le monde entier, et dans le même temps tout un archipel de métropoles régionales se développe avec elle.

Aujourd'hui comme hier, la réussite du coeur de la France sera la réussite de toute la France,

Pour porter une telle ambition, seul l'État stratège, garant du temps long, peut s'engager. Et, du reste, au-delà des clivages partisans, personne ne lui conteste cette prérogative historique. C'est aussi pour cette raison que le Président de la République a souhaité créer un secrétariat d'État chargé du développement de la région capitale.

Comment, dès lors, engager l'action, devant un objectif d'une telle ampleur ? Souvenons-nous de la phrase du général de Gaulle, gagnant le Liban en 1941 : « Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples. » Nous sommes donc partis, méthodiquement, des idées les plus simples et les plus éprouvées.

En premier lieu, il s'agit de valoriser l'existant, déjà considérable. L'existant, ce sont l'attractivité mondiale de la région capitale depuis des siècles, sa situation de carrefour de transports, l'excellence de ses chercheurs, les formations de haut niveau qu'elle dispense, sa main-d'oeuvre qualifiée, ses industries pharmaceutique ou de création numérique, son importance en termes d'organisation de salons, d'implantation des sièges des plus grandes entreprises mondiales, en matière de tourisme, de culture, d'art et d'industrie de luxe.

Ensuite, nous devons identifier les potentiels du Grand Paris, les développer et les ouvrir au monde, grâce, d'une part, aux portes internationales que sont Roissy, Orly, Le Bourget et les gares européennes et, d'autre part, à ces portes internationales du savoir et de l'innovation que constituent Saclay, la vallée des biotechnologies, le territoire de la création autour de La Plaine Saint-Denis, ou encore la Cité Descartes.

La troisième étape a consisté à définir des objectifs pour répondre aux insuffisances en matière de transport, de cohésion sociale – on constate des déséquilibres territoriaux flagrants –, mais aussi aux besoins de logements, et à la nécessité d'un développement économique durable. Le projet du Grand Paris fera de la banlieue, souvent négligée, son enjeu et sa chance.

Enfin, il a fallu concevoir les dispositifs techniques et juridiques qui permettront la mise en oeuvre, la plus rapide possible, d'un grand projet urbain tel que les urbanistes-architectes l'ont imaginé lors de la consultation internationale ; tout en sachant que les grandes mutations urbaines dans l'histoire ont toujours été le fruit de l'expansion économique.

À partir de ces balises, nous avons conçu un projet de loi qui repose sur trois piliers fondamentaux constituant son socle : le développement des territoires économiques et urbains, la question des transports et de leur interconnection, enfin les sciences et l'innovation. Dans le texte qui vous est soumis, nous vous proposons les outils qui nous permettront de réaliser progressivement cette ambition.

Tout d'abord, il s'agit des contrats de développement territorial.

J'ai beaucoup lu et beaucoup entendu à propos du prétendu « jacobinisme» de ce projet de loi,…

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