…afin de l'enrichir davantage sous contrôle international, selon la proposition qui lui avait été faite par l'AIEA il y a un mois. L'AIEA prévoyait de fournir un combustible nucléaire, avec des garanties de livraison. Le projet d'accord incluait la Russie et la France pour la fabrication du combustible. L'Iran a rejeté cette proposition. Quant à la Corée du Nord, vous connaissez la situation.
Dans le cas de l'Inde, nous sommes dans une situation inverse puisque, nation responsable, elle s'est engagée à se comporter comme les États parties au traité de non-prolifération. L'accord qui vous est soumis est l'exemple même de ce qu'il est possible de faire de bon en matière de coopération nucléaire dans le monde.
Enfin, il y a un aspect climatique sur lequel je voudrais insister. L'Inde est désormais le sixième émetteur mondial de gaz à effet de serre. Le 29 septembre dernier, le Premier ministre indien a estimé, lors d'une conférence internationale sur le nucléaire à New Delhi, qu'une forte hausse de la part du nucléaire dans la production énergétique du pays d'ici aux quarante prochaines années pourrait permettre à l'Inde de réduire son impact sur le réchauffement climatique de la planète.
Manmohan Singh rappelait à cette occasion l'importance de l'accord de coopération signé l'an dernier avec les États-Unis dans le nucléaire civil, qui initiait une nouvelle ère pour une production énergétique plus sûre et plus propre en Inde. Le Premier ministre indien a clairement exprimé l'ampleur du défi à cette occasion : « L'expansion de notre programme d'énergie nucléaire va entraîner d'énormes opportunités pour l'industrie mondiale du nucléaire », parce que l'Inde doit « penser grand », a-t-il dit, pour les besoins énergétiques futurs de son 1,2 milliard d'habitants.
Concrètement, 470 000 mégawatts pourraient être produits par des centrales nucléaires indiennes d'ici à 2050, ce qui constituerait un net changement d'échelle par rapport aux 4 120 mégawatts – l'équivalent de quatre centrales françaises – actuellement produits par les dix-sept réacteurs nucléaires en activité dans le pays. Le nucléaire ne représente que 3 % de la production d'énergie en Inde. Le potentiel de croissance est donc immense.
Le développement de l'industrie nucléaire civile en Inde réduira grandement la dépendance de ce pays aux énergies fossiles et fournira indéniablement une contribution majeure à la lutte contre le changement climatique.
Or, à moins de deux semaines de l'ouverture de la conférence de Copenhague, il est bon de rappeler que la France peut aussi aider l'Inde, grâce au nucléaire, à réduire ses émissions, grâce à l'expertise dont elle dispose dans ce domaine et grâce aux entreprises et aux établissements publics de notre pays comme le CEA, Areva, GDF SUEZ, EDF ou Alstom. Tous peuvent apporter à l'Inde ce dont elle a besoin dans les domaines énergétiques et environnementaux.
Pour illustrer mon propos d'exemples concrets de l'intérêt de cette coopération nucléaire avec l'Inde, je rappelle qu'Areva emploie déjà en Inde plus de 4 200 personnes et y compte huit sites industriels. En février dernier, Areva a annoncé la signature avec la Nuclear Power Corporation of India Limited d'un protocole d'accord ouvrant la voie à une collaboration dans le domaine de la production d'électricité nucléaire et visant à construire au moins deux réacteurs EPR à Jaitapur, dans l'État du Maharashtra, et une option sur quatre autres.
Ces projets sont certes utiles à l'Inde, mais ils sont aussi utiles, vous l'aurez compris, pour nous tous si nous voulons nous engager en commun dans une lutte efficace contre le réchauffement climatique…