Vous jouez de manière honteuse avec les statistiques. En effet, vous ne dites pas aux Français que la récidive ne concerne que 1% à 2 % des personnes qui sortent de prison. Et, sur ce pourcentage, on dénombre – cinq ans après la détention – seulement 0,5 % de récidivistes dont 1 % de délinquants sexuels.
La réalité est la suivante : vous avez essayé, lors du débat sur ce texte, de transformer la justice en instrument de vengeance plutôt qu'en instrument de réparation. Je rappelle à la représentation nationale les propos tenus par de Mme la garde des sceaux devant des caméras de télévision sur la question de la castration. On essaie en effet de faire croire au bon peuple de France que la castration chimique est irréversible et que l'on s'en prend à la chair de l'auteur d'un crime sexuel. Ainsi, comme le souligne le comité européen contre la torture, on peut l'assimiler à une forme de torture.
Au cours de notre discussion, Mme la garde des sceaux a osé nous expliquer que l'on pouvait envisager de débattre de la castration physique. Le Front national ne s'y est pas trompé : M. Le Pen a parlé de castration par la tête. Voilà donc que, subrepticement, débat après débat, dans la perspective des élections régionales et à propos d'une loi de circonstance guidée par la tyrannie de l'émotion, l'on tourne autour de la question de la peine de mort que la gauche a courageusement abolie en 1981 ! On va évidemment nous dire au dernier moment qu'il ne s'agit pas de cela. En fait, il s'agit de récupérer une partie de l'électorat que vous croyez avoir acquis tant il est vrai qu'on ne siphonne pas le Front national en récupérant ses idées. Comme le dit le président du Front national, les électeurs préfèrent l'original à la copie.
N'oublions pas non plus, comme notre collègue Dominique Raimbourg nous y invite, de regarder les moyens qui sont donnés à la justice. Quelques chiffres sont significatifs : on compte seulement 350 juges d'application des peines pour 25 000 affaires et, à la cour de l'Oise, entre autres, on est passé de quatre à trois juges d'application des peines pour plus de 1 000 détenus et plus de 1 400 personnes qui sont sorties de prison.